Algérie - A la une

ATTITUDES Vers l'inconnu



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Du haut de ses 1,70 m, le visage émacié, les yeux fureteurs, la dame, la quarantaine bien entamée, son ticket à la main, son sac serré sous le bras, se dirige vers le quai de la gare ferroviaire des Ateliers. Elle semble perdue et demande de son air le plus affable à cette jeune fille : «Excusez-moi mademoiselle, c'est bien là où on prend le train qui va à Dar-El-Beïda '»
- Oui, c'est celui de Thenia. Rassurée, elle s'assoit sur le banc et jette un œil sur sa montre. «Normalement il démarre dans 7 minutes, il est 17h, c'est ce qui est écrit sur le ticket.» Sa voisine acquiesce de la tête et sourit.
- En fait, c'est la première fois que je prends le train. On dit qu'il est électrique et qu'il roule très vite. Je vais à la cité Aadl du 5-Juillet, et pour éviter l'encombrement, mon mari m'a conseillé de prendre le train et descendre à Dar-El-Beïda. Il m'a précisé que non loin de la gare, des minibus font la navette jusqu'à la cité. Vous pourriez m'indiquer la station '
- Je suis désolée, mais je ne connais pas. Demandez à ceux qui descendent à Dar-El-Beïda. Affolée, elle se lève et se dirige vers un groupe de femmes :
- Excusez-moi, vous n'allez pas à Dar-El-Beïda '
- Non. Elle tente sa chance auprès d'autres passagères : négatif ! Dépitée, elle reprend sa place, et se dit : «Je ne vais tout de même pas m'adresser à toutes les femmes '» Elle regarde l'heure. «Il est 17h 20 et le train n'est toujours pas là. Pour la ponctualité, il faut vraiment repasser !» Elle s'inquiète, et s'adresse à sa voisine qui ne semble pas avoir envie de lui faire la conversation.
- Vous êtes sûre, le train va arriver '
- Mais oui, il fera juste un peu de retard, ça arrive.
- En fin de compte je descendrai à Bab-Ezzouar, j'espère que le train s'arrête près de l'université ' Là-bas, je me retrouverai facilement. Sa voisine confirme la halte
- Mais sur le ticket il est écrit Dar-El- Beïda. Ce n'est pas grave '
- Non, ne vous en faites pas. Le sifflement du train et sa rapidité font sursauter notre dame qui se couvre les oreilles. «Mon Dieu, on a l'impression qu'il va nous faucher... Mais il ne s'est pas arrêté '
- Non, ce n'est pas le nôtre, c'est le rapide de Béjaïa. Il ne marque pas d'arrêt jusqu'à sa destination.
- Ouf ! j'ai eu peur. Je me demande comment font les gens qui habitent juste en face, ça doit être horrible.
- A la longue, ils s'habituent.
- Moi je ne m'y ferai jamais. Le quai grouille de monde à cette heure de pointe. Il est 17h 30, les passagers s'impatientent et commencent à montrer des signes d'énervement, mais voilà qu'au loin l'on aperçoit le train qui montre le bout du nez. Les passagers se lèvent et s'approchent des wagons. Notre dame suit le mouvement non sans quitter sa voisine, étonnée de découvrir l'ouverture automatique des portes.
- Il est climatisé, propre... C'est une merveille ! Enfin la technologie arrive chez nous. On annonce les arrêts, j'espère '
- Oui, une voix douce et féminine est chargée de le faire. Pas de risque de vous perdre. Vous pouvez même les lire sur ce petit écran électronique. J'avoue que j'ai le vertige. Mais croyez-moi, je le prendrai plus souvent. Au diable la chaleur des bus, les bousculades et surtout le trajet qui nous semble éternel. Vive la technologie !


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