Algérie

ATTITUDES



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A quelques mètres de son domicile, Zineb, qui rentrait chez elle après une journée chaude et éreintante, par réflexe, lève les yeux vers son balcon perché au sixième étage. Elle aperçoit un homme, les cheveux coupés presque à ras, sauter de l'étage du dessus la terrasse est commune et tente de forcer les persiennes pour pénétrer à l'intérieur d'une des pièces de l'appartement. Elle demeure sans voix. «Mon Dieu, mais je rêve, je suis en train d'assister en direct au cambriolage de ma maison.»
Elle file au commissariat situé à cent pas de l'immeuble. Affolée, le visage livide, le front en sueur, elle crie : «Vite, on essaye de cambrioler ma maison.» Les policiers la calment, l'invitent à s'asseoir, lui apportent un verre d'eau et lui demandent de relater les faits. La jeune femme tremblante, avale quelques gorgées du breuvage, raconte : «Il ne faut pas perdre de temps, il faut attraper le voleur avant qu'il ne s'échappe. J'habite juste derrière votre bâtiment et je l'ai vu de mes propres yeux.» Un des policiers se met en face de son ordinateur et prend sa déposition. Son chef ordonne à son équipe de se préparer pour une descente sur les lieux du vol. Des policiers en tenue de combat suivent notre victime devant les yeux ahuris de ses voisins. Ils montent les escaliers à une allure vertigineuse, accompagnés d'un des voisins pour leur indiquer l'appartement, en intimant l'ordre aux badauds effarés de rentrer chez eux. Jamais l'immeuble, d'habitude calme et paisible, n'a connu un tel remue-ménage. Ils arrivent devant le logement incriminé. Il a suffi au plus costaud d'entre eux de trois coups d'épaule pour défoncer la porte. Notre «Arsène Lupin», figé, ne réalise pas ce qui vient de lui arriver. Il tombe nez à nez avec un des policiers qui l'empoigne, le met à terre à plat ventre, en lui collant son arme sur la tempe avant de lui passer les menottes. Le jeune homme a beau s'égosiller en leur expliquant qu'il se trouvait chez sa tante, rien n'y fait. «Tais-toi, tu nous prends pour des imbéciles, tu diras ça au juge.» Le voisin eut juste le temps de le reconnaître. Comme tombé des nues, il s'écrie : «Arrêtez, lâchez-le, c'est Amine, je le connais c'est son neveu.» Excédés, les policiers s'en prennent à lui, et lui ordonnent de se taire : «Tu vas nous suivre toi aussi. Tu crois que nous allons gober ces bobards. Dis plutôt que tu es son complice.» Zineb arrive chez elle, à bout de souffle, se tenant à peine sur ses jambes. «Ça y est Madame, nous l'avons eu», la rassure, fier, le chef. En pénétrant dans l'appartement, elle poussa un hurlement. Elle reconnut Amine, par terre, les mains menottées. «Laissez-le tranquille, c'est mon neveu.» Les policiers perplexes, cependant, ne comprennent pas d'abord pourquoi Amine est rentré par le balcon, ensuite, comment Zineb n'a pas reconnu son propre neveu. Remis de ses émotions, Amine explique : «En fait, j'avais une envie pressante, et il n'y avait personne à la maison, alors j'ai sauté de la terrasse, et j'ai ouvert les persiennes.» Quant à Zineb, elle argumente : «Mon neveu a passé la nuit chez moi, il devait rentrer chez lui. Quand on s'est quitté ce matin, il avait tous ses cheveux. Entre-temps, il est allé chez le coiffeur, c'est pour cela que je ne l'ai pas reconnu. Maintenant que tout est clair pour tout le monde, je retire ma plainte.»
- «Ce n'est plus possible, la procédure a été enclenchée et notre sortie doit être justifiée. Vous devriez le dire au juge», lui répondent-ils, visiblement désolés et contrariés à la fois pour une sortie qui s'est avérée infructueuse. Confuse, le jour J, Zineb dira tout de go :
- Désolée M. le juge, je n'ai pas reconnu mon neveu, car il avait le crâne presque rasé. L'affaire sera classée et Amine innocenté.




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