ATTITUDES

naiyach@yahoo.frIl est 7h45. Le portail de l'école vient de s'ouvrir, les écoliers sont déjà là . Dounia est en tête de la file, c'est l'unique fois qu'elle se présente avant l'ouverture du portique. Elle tenait à tout prix à frèler l'asphalte de la cour la première. Deux files se forment, celle des garçons et celle des filles, prêtes pour le départ. Le gardien à la mine patibulaire ouvre le sésame. Avec l'air sévère que lui confère son «pouvoir», il ordonne aux garçons de rentrer. Ils se bousculent et accourent tels des déchaînés, contents de rentrer avant les filles. Dounia est déçue, son rêve ne sera pas réalisé. Ses camarades, quant à elles, récitent, en tremblotant une dernière fois, leurs leçons avant le moment crucial de l'épreuve. Et pour paraphraser Madame Boudalia, psycholinguiste : «Les pauvres potaches, on a l'impression qu'ils passent leur agrégation à 8 ans !» Zina est en pleurs. Le visage livide, les lèvres blêmes, elle a eu à peine le temps de rentrer à l'école qu'elle en ressort aussitôt. Elle est affolée, court dans tous les sens pour retrouver son père. Il est toujours là . Elle éclate en sanglots. Lui ne comprend pas. Il tente de la calmer.- Que se passe-t-il ' Entre deux sanglots, elle explique :- J'ai oublié ma trousse, et on a composition.- Ce n'est pas grave, il n'est pas encore 8h. Tu as le temps de monter à la maison la chercher.- Mais le directeur va me gronder si je rate le salut de l'emblème national.- Ne t'inquiète pas, je lui parlerai.Zina, 9 ans, excellente élève, a toujours était présente à ce rituel. Maîtresses, directeur la citent en exemple, elle en est fière, ses parents aussi. Ces derniers, depuis son année préparatoire, n'ont eu de cesse de la bassiner avec : «Nous voulons que tu sois la meilleure, gare à toi si l'une de tes camarades t'arrache le 10. Je ne veux pas être la risée des voisins.» Zina à bout de souffle arrive à la maison qui se trouve à quelques mètres de l'école, prend sa trousse et détale. Elle est la dernière à franchir le seuil de l'établissement sous l'œil réprobateur du directeur. Les élèves sont déjà en classe. Zina prend place. La maîtresse distribue les copies. Notre studieuse prend son stylo, et comme à l'accoutumée cartonne. Et pour ne pas déroger à la règle, elle décrochera la plus haute note. Elle évitera ainsi les foudres de ses parents, tout en gagnant leur estime.