ATTITUDES

naiyach@yahoo.frElle était toute fière de tirer de son congélateur les gâteaux qu'elle devait présenter l'après-midi à ses invités. Bien emballées dans une boîte en plastique, les douceurs sont retirées délicatement. Elle prend un makrout, le scrute, le soupèse, le hume, puis avec un sourire le remet dans son contenant.«Il n'a pas bougé, il est aussi beau, il sent toujours le miel, comme si je l'avais réalisé la veille. Parfait, les invités n'y verront que du feu.»Les autres variétés subiront la même inspection, et le test est réussi. Adjugés pour être dégustés ! «C'est bon, ils auront tout le temps de décongeler et de perdre l'odeur de la décongélation.»En main d'experte, elle les dispose sur un plateau d'argent rutilant, puis donnera les dernières instructions à Rym, sa belle-fille, pour que les meubles, l'argenterie et le parquet brillent de mille feux. «Les tapis ! Mon Dieu il faut les monter à la terrasse et les épousseter. Cette tâche incombera à Rachida, la femme de ménage», signalera la maîtresse des lieux. Rym exécute les ordres de sa belle-mère sans rechigner pour éviter que celle-ci, une maniaco-dépressive de la propreté, ne pique une crise d'hystérie. Elle voudrait aussi faire bonne figure auprès de ses cousines venues partager sa joie à la suite de la naissance de sa petite-fille après cinq ans de mariage. Une occasion de leur montrer la somptueuse villa fraîchement construite qu'elle partage avec ses beaux-parents.Elle jette un dernier coup d'œil à l'immense salon, vérifie s'il ne reste pas une petite graine de poussière et se dirige à la cuisine. Elle regarde le magnifique plateau orné de gâteaux.Elle met sa main sur sa bouche et étouffe un cri : «Non ! ce n'est pas possible ! ce sont les gâteaux qu'elle a préparés pour mon mariage.»La belle-mère apparaît soudain au pas de la porte, et tout sourire dit : «Tu les as reconnus ' Tu as vu, ils n'ont pas changé, on dirait que je viens de les cuire. Tu sais au prix où ils se vendent aujourd'hui, j'ai bien fait de les garder.Tout le monde me reproche le fait que je stocke tout dans le congélateur, en tout cas je suis contente de les avoir, cela m'a évité des dépenses inutiles. Avec la bonne tamina que je vais préparer, ça ira très bien. Qu'est-ce que tu crois, c'est comme ça qu'une bonne maîtresse de maison peut faire des économies ! Prends-en de la graine.»Rym, médusée, ne sait pas quoi répondre. Et puis, elle n'y pourra rien.On ne pourra jamais contrarier sa belle-mère. Elle la savait radine. Elle supportait ne pas manger à sa faim parce qu'un repas elle s'arrangeait toujours pour le partager toujours en deux, une moitié ira dans nos ventres et l'autre au congélo et qu'elle retirera trois mois plus tard, qu'elle ne coupera jamais une tomate entière pour la salade. Le quart servira pour un autre plat. Elle a tout simplement sous-estimé son avarice.«Je n'aurais jamais imaginé que sa rapacité irait jusqu'au point de faire ingurgiter à des personnes des produits qui ont dormi cinq ans dans le congélateur et qui risqueraient d'avoir des incidences graves sur leur santé. en plus, qui sont ces gens-lï Mes cousines.» Dans la discrétion la plus totale, elle avertira ses cousines.«Contentez-vous de la tamina !