Algérie

ATTITUDES



ATTITUDES
naiyach@yahoo.fr«Non, je ne veux pas aller à l'école.» Lyna pleure les larmes de son corps. Elle crie, gigote, s'accroche au bras de sa maman qui a la gorge nouée. La gamine a cinq ans et ne veut pas déjeuner chez sa nourrice.- Je veux que ce soit toi qui viens me cherche de l'école comme toutes les mamans de mes camarades. Je veux manger avec toi. Je ne veux pas être avec les autres enfants. Ils sont nombreux et méchants. Je veux que ce soit toi qui me serve. Qu'on soit rien que toi et moi.- Mais chérie, je ne peux pas, je travaille...- N'y va pas.Amina jette un coup d'œil sur son bracelet-montre. Elle est en retard. Elle doit animer une réunion avec le ministre. Une rencontre qu'elle a minutieusement préparée et pour laquelle elle a veillé toute la nuit. Elle serre sa fille dans ses bras, tente de la consoler, mais rien n'y fait. Lyna sanglote. Elle l'accompagne jusque dans la classe. La maîtresse prend la gamine dans ses bras et demande à la maman de partir. «Ne vous inquiétez pas, je m'en occupe.» Amina se dirige vers sa voiture en essuyant ses larmes.Jeune cadre supérieur, consciencieuse, pleine de talent, ambitieuse, elle ne peut sacrifier une carrière florissante, mais c'est la mort dans l'âme que chaque matin elle conduit Lyna à l'école. Une ambivalence de sentiment qu'elle a toutes les peines du monde à supporter.Elle arrive au bureau en catastrophe, rectifie son maquillage, vérifie sa coiffure et fonce tout droit dans la salle de réunion. La pièce est comble, on n'attend plus qu'elle pour commencer. Elle s'installe, le visage rubicond et se confond en excuses. Affolée, elle se lève brusquement. Elle s'aperçoit qu'elle a oublié son dossier dans la voiture. Elle quitte les lieux en courant laissant une assistance interloquée. Elle revient, une chemise sous le bras. Après l'ouverture de séance par le ministre, la parole lui est cédée. L'image de sa fille en détresse défile dans sa tête. Elle a du mal à se concentrer, elle bafouille. Pourtant son dossier elle le connaît sur le bout des doigts pour l'avoir potassé.Elle ne sait pas ce qui lui arrive. Mais si : ce sentiment de culpabilité, cette sensation d'être une mauvaise mère. C'est cela qui la ronge.Elle est entre le marteau et l'enclume : un statut dont elle rêvait depuis le collège et qui lui promet un avenir radieux, et le malaise de son enfant qui lui fend le cœur. Mais Amina n'a pas encore tranché.




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