Algérie

ATTITUDES



ATTITUDES
naiyach@yahoo.frIl est 11h 30, dans cette salle de conférences d'un luxueux hètel de la capitale ; l'assistance ne semble visiblement plus prêter attention au discours du conférencier. Certains participants, peu discrets, lancent un coup d'œil à leur bracelet-montre, d'autres se tortillent sur leur siège priant Dieu pour que l'exposant abrège sa dissertation. C'est l'heure où le ventre crie famine. Les narines sont chatouillées par l'odeur alléchante d'un méchoui ou d'un poisson bien doré émanant de la salle des banquets. Ces hommes, bedonnants, serrés dans leurs costumes, n'en peuvent plus. Les plus malins ont quitté la salle et sont déjà devant la porte du restaurant, prêts à prendre d'assaut tous ces plats gargantuesques que des mains de chefs ont préparés. Des hommes, on les appelle la «crème de la société», venus en masse échanger et débattre des thèmes politiques de l'heure, pensions-nous. Baliverne ! A midi pile, et à l'ouverture de la salle où ils rêvaient de se goinfrer, notre beau monde, telle une marée humaine, se précipite dans la caverne d'Ali Baba, bousculant, dégageant, poussant celui ou celle qui oserait se mettre sur leur chemin. Dans cette furie, une frêle journaliste stagiaire, sortie pour la première fois en couverture, sera emportée par ces gaillards qui n'avaient même pas remarqué sa présence.Elle se retrouve au milieu de nulle part, les cheveux défaits, la veste déboutonnée. On aurait dit qu'elle sortait d'un champ de bataille.Les yeux exorbités, muette, elle observe toutes ces mains, dégoulinant d'huile, arracher des morceaux de viande d'un agneau bien doré le dévorant presque sans le mâcher, les joues bouffies par des bouchées trop grandes que leurs bouches, devenues trop petites, ne peuvent supporter. Des poches débordant de fruits exotiques que nos invités se réservent pour un en-cas.Comme des carnassiers, agglutinés autour de leur proie, il ne restera de l'ovin que son squelette et du gros poisson que ses arêtes.Un spectacle surréaliste qui choque la sensibilité de notre spectatrice. Repus, nos gloutons desserrent leurs ceintures, curent leurs dents et s'affalent sur leur fauteuil. Certains somnolent déjà , d'autres, du coup, ne sont plus intéressés par la suite de la conférence et préfèrent rentrer chez eux pour un somme «bien mérité».




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)