Algérie

ATTITUDES



ATTITUDES
naiyach@yahoo.frSi elle n'épouse pas Khaled, elle en mourrait. Elle n'avait d'yeux que pour lui, et rêvait de vivre avec lui. Ainsi soit-il. Ni son père ni sa mère n'ont pu la raisonner. Le prétendant n'était pas le bon parti, bien qu'il soit riche. Il était en instance de divorce, et cela ne plaisait guère à sa famille. Quant à khaled, Zineb aux grands yeux verts, au corps de mannequin était la seule à lui faire oublier sa première épouse que maman lui avait choisie. Leurs fiançailles furent les meilleurs moments de sa vie. Les sorties, les dîners dans les plus grands restaurants, les cadeaux de valeur, il dépensait sans compter pour sa dulcinée. Et quand il lui demanda de quitter son emploi, Zineb n'hésita pas une seconde. «Tu n'as pas besoin de travailler, je suis là pour satisfaire tous tes désirs.»Après moult négociations, le mariage fut fêté dans l'ostentation et Zineb rejoignit son appartement. Khaled a veillé à ce que tout soit parfait : des meubles luxueux, des articles ménagers dernier cri ; bref, la maison de ses rêves, en attendant que la construction de sa somptueuse villa soit achevée. Le couple baignait dans le bonheur. Khaled était devenu son ombre et elle ne bougeait pas sans lui. Quand elle lui demanda de prendre des cours de conduite, Khaled fut outré : «Il n'en est pas question, je serai ton chauffeur et je te conduirai où je veux.» Zineb commençait à déchanter. Elle n'avait pas le droit de sortir sans sa présence et ne conduira jamais la rutilante Mercedes. Désormais elle s'occupera de ses trois enfants et de son intérieur. Ses visites chez ses parents étaient régulées par Khaled et elle n'avait jamais le droit de découcher. Elle était coupée du monde. Et quand il sortait le matin, il verrouillait la porte. «Ton frigo est bondé, tes placard bien achalandés, tu n'as nullement besoin de sortir. Et puis, je t'appellerai toutes les demi-heures, je saurai si tu as besoin de quelque chose.» Trop pris par son travail, il l'accompagnait de moins en moins dans ses très rares sorties. Lorsqu'il devait réceptionner un container, décharger de la marchandise dans ses dépèts ou signer les contrats de location, et que Zineb devait se rendre au bain ou conduire ses enfants chez le médecin, il chargeait ses neveux de le faire.Une voiture toute neuve était mise à leur disposition. Zineb dépérissait à vue d'œil, ses enfants sont devenus sa raison d'être. C'est pour eux qu'elle s'est résignée. «Ils grandiront et comprendront, j'espère.» Le faste dans lequel elle vit lui donne envie de vomir. Plus rien ne l'épate. Pire, elle déteste sa nouvelle maison. Les pleurs sont devenus pour elle le seul moyen de communication. Elle donnerait cher pour changer de vie et déteste celles qui l'envient. Elle répétait à sa mère : «Je suis en train de mourir à petit feu. Mon Dieu, si c'était à refaire, j'aurais épousé un mendiant, et je suis sûre que l'eau et le pain, qui constitueront mon unique nourriture, auront le goût du bonheur.»




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