Attention détournée

Il y a du cynisme sur ces vagues de publications qui ont envahi les réseaux sociaux ces derniers jours pour s'insurger du fait que la Palestine vient d'être retirée des outils cartographiques des deux géants américains, Google et Apple, alors que les véritables craintes sont vraiment ailleurs. Des milliers d'internautes ont dénoncé, ainsi, cette conduite de Maps et Plans, les services cartographiques de Google et Apple, qui ont effacé la Palestine de leur fonctionnalité.Selon les internautes, cela exprime ni plus ni moins une position de parti pris en faveur d'Israël. Est-ce si étonnant, si choquant que ces deux puissantes entreprises de l'Internet prennent fait et cause en faveur d'Israël ' Bien sûr, on tente de se mettre dans la neutralité quand ces deux entreprises expliquent qu'elles se basent depuis toujours, dans leurs services cartographiques, sur les données des Nations unies qui considèrent la Palestine en tant qu'Etat observateur mais non-membre de l'ONU, donc pas officiellement reconnu par la communauté internationale (à ce jour, 139 pays reconnaissent l'Etat de Palestine sur les 197 Etats actuellement reconnus par l'ONU, soit plus des deux tiers d'entre eux).
Pourtant, dans la même logique, d'autres Etats qui disposent du même statut géopolitique que la Palestine sont bien inscrits sur les cartes en question. Là ou ailleurs, et depuis toujours, les cartes géographiques ne sont jamais neutres et expriment clairement des positions politiques. Quoique pour le cas de la Palestine, les deux entreprises tiennent à souligner dans
ce contexte que le nom du territoire palestinien n'a jamais été mentionné sur les cartes Maps et Plans. Pourquoi alors tout ce bruit sur les réseaux sociaux ' Rappelant que le même fil des évènements s'est déroulé en 2016, suscitant la même vague d'indignation des internautes. Et, ce n'est jamais fortuit.
Il y a toujours quelque chose de plus important à voir qu'on tente de voiler derrière le débat stérile de ces cartes. Certes, elles sont utilisées par des millions de personnes dans le monde, faisant que leur portée symbolique est indiscutable, mais il y a pire scénario à appréhender. Ce qui se prépare pour le peuple palestinien est semblable à un deuxième apartheid. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a fait part de sa détermination à annexer des territoires en Cisjordanie, qui contribuera à imposer aux Palestiniens un régime comparable à celui de l'apartheid en Afrique du Sud. Ainsi, la carte la plus dangereuse est celle fomentée actuellement, en pleine crise sanitaire mondiale, par Benyamin Netanyahou en complicité avec le président américain Donald Trump.
L'annexion des territoires créera des zones isolées où seront confinés les Palestiniens, comme le furent les noirs sous le régime de l'apartheid, et auxquels on proposerait le statut d'autonomie, suivant le même procédé employé par l'Afrique du Sud. La solution de deux Etats s'éloigne avec cette carte diabolique qui devrait focaliser, plus que les outils cartographiques virtuels sur Internet, les regards des observateurs et des défenseurs des droits de l'homme, et articuler les luttes pour la création et la reconnaissance d'un Etat palestinien souverain aux côtés d'Israël.