Algérie

Attentes citoyennes



Le moment est important, crucial : à moins de trois semaines de la convocation du corps électoral, rien n'est encore décidé pour la tenue de la prochaine élection présidentielle. Et, plus que tout, les clignotants socioéconomiques sont passés au rouge. Il y a d'abord ce fait sociologique déprimant et terriblement inquiétant que les Algériens, dans leur grande majorité, ne se projettent plus. Le drame en mer qui a coûté la vie à une vingtaine de personnes, dont des enfants en bas âge, ces derniers jours est un signe qui ne trompe pas, celui d'une crise multidimensionnelle qui est en train de terrasser le pays. Les Algériens, et à fortiori les élites intellectuelles et les jeunes diplômés, ne veulent pas connaître les dures expériences que vivent actuellement des pays latino-américains, pris à la gorge par une terrible récession économique induite par des situations politiques désastreuses.Le moment est dramatique avec ce terrible cri de détresse sociale qui n'est pas compris, n'est pas pris en compte par une classe politique otage de ses contradictions, par l'absence d'une ouverture vers l'alternance politique. Un pouvoir qui peine à instaurer un climat social rassurant, à redresser les indicateurs économiques et, surtout, à répondre à un formidable appel d'air qui privilégie autant l'alternance au pouvoir que de rassurer les Algériens sur leur avenir. Les partis de la majorité qui voudraient organiser, selon l'opposition, une « OPA » sur la prochaine élection présidentielle, seraient les premiers responsables et victimes d'une crise généralisée qui mettrait à mal les grands équilibres du pays pour le plonger dans une autre période d'incertitudes. L'image que renvoie actuellement notre pays n'est pas enviable et il serait urgent d'y remédier, de la corriger au risque d'une autre dérive.
Car en plus de cette hésitation et le flou entourant la prochaine élection présidentielle, il y a tout ce climat social stressé, avec ces milliers de jeunes et moins jeunes tentés par l'émigration clandestine au péril de leur vie, ces troublantes affaires économiques qui interpellent le gouvernement, cet immobilisme inquiétant de l'exécutif face à certaines questions sociales, dont le tarissement ou le gel des sources d'emploi et d'embauche, à l'origine d'un astronomique déficit de la CNR, ainsi que son évidente incapacité à relancer la machine économique.
Le gouvernement doit trouver des solutions urgentes à une impasse aussi bien politique qu'économique et sociale qui risque de le submerger. C'est son rôle. Or, les incertitudes sur la prochaine élection présidentielle, les jeux de coulisses ne militent pas forcément pour un assainissement du paysage politique, économique et social du pays. A cette détérioration des indicateurs politiques, il faudrait également prévoir de sombres perspectives sur le front économique avec des prévisions peu rassurantes sur les prix pétroliers en 2019, alors que l'économie nationale reste encore otage des recettes pétrolières. A tous les points de vue, les perspectives économiques et sociales ne sont pas rassurantes et il appartient donc aux « politiques », quelle que soit leur couleur, de rétablir au plus vite la confiance qui passerait d'abord par le respect des attentes citoyennes.


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