Algérie

Atteintes aux libertés syndicales



Appel à un rassemblement de protestation Un appel à un rassemblement pour la défense des libertés syndicales va être lancé incessamment par la coordination des syndicats (UGTA) des entreprises portuaires, élargie aux syndicats des banques (Cnep, BDL, BEA), de la Fédération des finances, de la SNVI et du préscolaire (Presco). Prise hier à l?issue d?une réunion tenue au foyer des dockers à Alger et à laquelle ont pris part les représentants des travailleurs de nombreuses entreprises, cette décision a fait l?unanimité des syndicalistes qui, durant le débat, ont tous réaffirmé la nécessité d?appeler l?ensemble des syndicats à défendre le droit à l?exercice syndical consacré par la Constitution. Lors des différentes interventions, les travailleurs ont dénoncé « la campagne d?intimidation et de harcèlement » dont sont victimes « quotidiennement » les syndicalistes ayant adhéré à la coordination. M. Debiane, membre du conseil national de l?UGTA et de la direction de l?Union de wilaya d?Alger, a qualifié la situation de « très grave qui nécessite la solidarité de tous les travailleurs ». Selon lui, la trêve sociale, « imposée » par la direction de l?UGTA « est en train d?être utilisée par des membres de cette même direction pour saborder toutes les sections syndicales qui gênent leurs intérêts... » Il a rappelé les engagements du premier responsable de l?UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, à régler le problème de la suspension du secrétaire général du syndicat des Douanes (SND), Ahmed Badaoui, par l?administration douanière. M. Debiane a réitéré son appel aux travailleurs à l?échelle nationale pour rejoindre la coordination et créer « une UGTA 2, une organisation qui accorde l?importance aux urnes et non pas aux appareils. Nous refusons qu?à chaque fois, Sidi Saïd, que nous respectons tous, vienne en pompier pour nous interdire d?exprimer notre désarroi et notre déception devant les agissements de certains membres de la direction centrale de l?UGTA... » Abondant dans le même sens, un membre du bureau du syndicat des Douanes a estimé que Sidi Saïd pratique la « politique de la fuite en avant au lieu de régler les problèmes des travailleurs et de sauver l?organisation du grave danger qui la guette ». Selon lui, les travailleurs sont en train de subir un véritable terrorisme syndical pratiqué par des responsables de l?UGTA. « Un nouvel espace d?expression » Il a rejeté l?idée d?organiser un rassemblement au siège de la centrale syndicale arguant que la direction de l?organisation veut la dissolution de la coordination en contrepartie du règlement de la crise actuelle. « Nous sommes tous ici conscients de l?urgence d?une nouvelle forme d?organisation, un nouvel espace d?expression qui garantit les libertés syndicales et prend en charge les préoccupations des travailleurs ». Pour sa part, M. Bouhssira, cadre syndical, a estimé : « La crise actuelle est syndico-syndicale. Il faut également interpeller la Cour des comptes pour qu?elle se penche sur la gestion de l?Union de wilaya d?Alger où aucune comptabilité n?existe. » De son côté, Ahmed Badaoui a tenté de recentrer le débat sur la nécessité d?un renouveau syndical, seule chance pour les travailleurs de revenir en force sur la scène revendicative. « Tant qu?il y a des responsables qui partagent nos préoccupations et nos points de vue, nous continuerons à nous battre pour la réforme de l?organisation (...). Ils ont diabolisé la coordination parce qu?ils ont peur que les troupes quittent le bateau comme cela a été le cas à Arzew où 305 travailleurs ont décidé de se retirer de l?UGTA en dépit du déplacement du secrétaire national, Badreddine, le problème n?a pas été réglé... », a-t-il noté. M. Badaoui a rappelé que cela fait un mois que la mesure de suspension dont il a fait l?objet a été prise par le directeur général des Douanes. « J?ai saisi la Fonction publique, les responsables m?ont orienté vers l?Inspection du travail, après vers l?inspecteur général de ce ministère avant de me diriger vers le ministre en personne. Ce qui prouve que cette affaire est purement politique... Aujourd?hui, l?administration utilise une section syndicale interne pour élaborer des pétitions appelant à l?interdiction de l?activité syndicale au sein du corps des Douanes. Tous les moyens de l?administration ont été mis à leur disposition pour faire pression sur les douaniers », a-t-il estimé, expliquant que les libertés ne se décrètent pas. M. Badaoui a appelé à un grand rassemblement élargi à tous les syndicats pour défendre les principes du respect de ces libertés. « Ne vous focalisez pas sur la suspension, mais sur les libertés syndicales, le pacte social, le renouveau syndical, tout en parlant des atteintes au droit syndical. Notre problème est avec cet Etat qui piétine les lois. Certains dirigeants de la centrale nous encouragent à poursuivre le combat contre ceux qui ont pour mission de mettre à mort toutes les sections qui dérangent par leur franc-parler. Si le mot coordination fait peur, appelons notre organisation Collectif d?actions pour le soutien aux syndicalistes (CASS), un collectif élargi y compris aux syndicats autonomes. » La secrétaire générale du syndicat du préscolaire a, quant à elle, affirmé que les travailleurs ne font plus confiance à la centrale syndicale tout en rappelant le grave problème de harcèlement sexuel qu?elle a eu à subir durant trois ans de la part d?un responsable syndical. En conclusion, les syndicalistes se sont entendus pour appeler à un grand rassemblement de protestation contre les atteintes aux libertés syndicales devant la centrale syndicale, juste après les fêtes de l?Aïd, en se donnant rendez-vous mardi prochain pour décider des mots d?ordre utilisés dans les banderoles.


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