Algérie

Atteintes à l’environnement à Béjaïa: Une association alerte les hautes autorités



Atteintes à l’environnement à Béjaïa: Une association alerte les hautes autorités




Et dire, et une copie de la note de distinction est insérée au document, en 1984, la cité, trois fois millénaire, a été consacrée la ville la plus propre d’Algérie.

Le Bois Sacré, cimetière où les premières sépultures remontent à l’époque hammadite, est en passe de devenir un lieu refuge de dépravation et de profusion bacchanale. Scandalisés, l’APBA, l’association pour la protection et la sauvegarde de la baie des Aiguades, vient d’adresser un appel pressant, «un cri du cœur», au wali de Béjaïa. Ils requièrent instruction des différents organismes ayant compétence administrative sur les lieux (le PNG et l’APC notamment) pour que soit procédé à leur nettoiement et à leur sécurisation. Comme est invoquée dans la lettre adressée au premier responsable de la wilaya la nécessaire intervention de la sûreté de wilaya pour que soit strictement interdite la forêt du Bois Sacré, «aux groupes de citoyens et de citoyennes, l’utilisant comme un bar à ciel ouvert, et s’y adonnant en toute impunité, à leur passion préférée, les boissons alcoolisées et autre fléau».

Au-delà d’une opération justifiée par un intérêt de salubrité publique, la demande de réhabilitation du cimetière repose sur un argumentaire historique. C’est un lieu millénaire où furent enterrés marabouts, talebs, ulémas et dignitaires du royaume des hammadites. Le document de l’APBA évoque également un évènement de taille qui a marqué le rapport historique et religieux avec l’endroit. C’est là, au pied de Djebel Khelifa, que le vingt-septième jour du ramadan, affluaient par milliers de tout le Maghreb des fidèles pour la prière de Leïlet el Qadr mais aussi la visite d’un bon nombre des 99 mausolées, à l’époque encore assez conservés.

La lettre de l’association est accompagnée d’une brochure de photographies illustrant toute la désolation infligée à un endroit situé au cœur du périmètre urbain. Elles montrent qu’en plus des amoncellements d’ordures et vides d’alcools jonchant sur les accès et à différents endroits du bois, des tombes n’ont pas échappé aux ardeurs des indus visiteurs, pour reprendre les termes des légendes apposées aux images.Le SOS termine sur l’appel à une implication de tout un chacun devant le seuil alarmant et inquiétant ainsi franchi par les atteintes à la faune et à la flore. Pour les animateurs de l’APBA, «ne pas réagir, c’est cautionner un comportement d’un autre âge que nous croyons révolu».

L’association n’arrête pas son triste constat à la seule situation prévalant au cimetière hammadite du Bois Sacré. Une brochure plus exhaustive est adressée aux institutions locales, dont les autorités administratives, les élus, les corps de sécurité, les autorités judiciaires, et les ministères concernés. Elle dresse un état alarmant des atteintes à l’environnement. Les photos sont édifiantes sur la prolifération des ordures à travers la ville et à la périphérie, dans les espaces en principe réservés pour la détente. Cette deuxième brochure liste les souillures : le parc de Gouraya, le camp de la Marine et Cap Carbon, l’anse des Aiguades, le parc des Oliviers, l’ex Champ de Tir, les stationnements de gros camions à côté de l’entreprise Cevital, les gros faubourgs de la ville tels la cité Soumari et Sidi Ahmed où l’exemple le plus frappant est ce «dallage» de vides de bière avilissant les environs immédiats de l’école primaire Aissaoui. Décidément la fatalité n’a pas épargné l’ancien centre ville ; des photos révèlent des amoncellements d’immondices pas loin du siège de la radio Soummam et au niveau du square situé en contrebas de l’ancien tribunal.

D’autres constats en d’autres endroits de la ville peuvent encore relater le libre cours donné à l’incivisme. La perle du Maghreb est échancrée de toutes parts. Et dire, et une copie de la note de distinction est insérée au document, en 1984, la cité, trois fois millénaire, a été consacrée la ville la plus propre d’Algérie. Rappelons toute la présence sur le terrain de l’association de protection et de sauvegarde de la baie des Aiguades.À son actif, entre autres, un déploiement quasi permanent sur le site des Aiguades, le travail de réhabilitation du camp de la Marine, ancien bunker colonial transformé en camp de concentration par l’occupant français, un colloque organisé en 2010 au TRB sur l’urgence de la sauvegarde des vestiges historiques et du potentiel écologique de tout le parc de Gouraya.


Rachid Oussada



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