Algérie

ATOUI, Brahim.-Toponymie et espace en Algérie



ATOUI, Brahim.-Toponymie et espace en Algérie
ATOUI Brahim est le premier chercheur en toponymie algérienne à avoir utiliser le répertoire le plus exhaustif possible en relevant 40 000 toponymes, recensés à partir des cartes topographiques couvrant l’ensemble du territoire algérien. Cette étude succède à l’ouvrage du linguiste Foudil CHERIGUEN, Toponymie des lieux habités. Les noms composés (1995). Les matériaux recensés avoisinaient les 5000 vocables. Se limitant à une seule catégorie toponymique les lieux habités et les noms composés, recensés à partir des codes postaux de 1981 et de 1988, cette étude n’est pas suffisamment représentative de l’ensemble toponymique algérien, avec toutes les catégories qu’il implique, notamment les noms de montagne et de relief. On ne peut pas trouver un lieu-dit à base de Djebel, Koudiat ou Khaloua.

Toujours, dans le même ordre d’idées, un peu plus loin, en 1949, Arthur Pellegrin, dans son Essai sur les noms de lieux d’Algérie et de Tunisie. Étymologie, signification, est considéré par les spécialistes comme étant l’étude la plus sérieuse sur la toponymie algérienne, s’inspirant des données de la linguistique moderne. Des questions liées à la constitution de son corpus (2000 toponymes d’Algérie et de Tunisie), leur sélection, leur représentativité restent en suspens.

L’étude de B. ATOUI, pour reprendre l’expression de Marc COTE, dans la préface de l’ouvrage, fait "œuvre générale" : son approche n’est pas linguistique, mais géographique, portant sur la répartition spatiale des toponymes et de leurs aires d’emploi.

Conscient de la difficulté d’une telle entreprise, l’auteur énonce, dès les premières pages, un certain nombre de précautions méthodologiques et même pratiques : les 40 000 toponymes du fichier (1989) sont très en deçà du nombre réel du répertoire toponymique national, non encore réalisé jusqu’à présent. Les erreurs de redondance de noms sous des graphies différentes sont analysées avec beaucoup de pertinence. Le respect de la notation des toponymes tels qu’ils sont transcrit sur les cartes topographiques de l’INC (Algérie) et de l’IGN (France) est explicitement affirmée.

Divisée en trois parties, l’étude, dans une première articulation, a trait à l’énonciation des catégories théoriques nécessaires à une telle approche, à la délimitation des cadres historiques et cartographiques (peuplement berbère, apport phénicien, romano-byzantin, arabe, turc…), aux relations qu’entretient la toponymie avec les autres sciences annexes : histoire, géographie, anthropologie, archéologie, ethnologie…

La deuxième partie étudie la ventilation spatiale des différentes catégories de toponymes. N’ont été retenus que les génériques toponymiques du nord du pays et ceci, dans un souci purement d’ordre technique et de représentation graphique. Au nombre de 62, ces génériques à base hydronymique, oronymique, ethnique, hagionymique… ont fait l’objet d’un traitement graphique et cartographique systématiques.

Dans la troisième et dernière partie, sont développées les relations entre la toponymie et les collectivités humaines (toponymie et société sédentaire, nomade, semi-nomade), le rapport à la colonisation ainsi qu’aux différentes couches historiques et aux aires linguistiques.

Le livre de B. ATOUI est illustré par de nombreuses figures, d’instructifs tableaux et cartes sur les noms français selon le découpage de 1962, les génériques arabes et berbères, la répartition par commune des toponymes ayant comme générique ain, oued, tala, teneit, taourit, bou, ben, tin-in…, la répartition des toponymes coloniaux, l’organisation de l’Emir Abdelkader en 1839.

Les questions liées à la normalisation de la terminologie géographique et à son officialisation, à l’absence d’un système de transcription et/ou translittération des caractères arabes en caractères latins, à la gestion administrative et à l’établissement des critères pour le choix des toponymes ont fait l’objet d’une analyse très fine. Elle est un état des lieux objectifs, très rigoureux des dysfonctionnements dans la gestion des noms propres de lieux en Algérie.

Pour citer cet article

Référence papier
Farid Benramdane, « ATOUI, Brahim.-Toponymie et espace en Algérie », Insaniyat / إنسانيات, 9 | 1999, 127-128.
Référence électronique
Farid Benramdane, « ATOUI, Brahim.-Toponymie et espace en Algérie », Insaniyat / إنسانيات [En ligne], 9 | 1999, mis en ligne le 30 novembre 2012, consulté le 07 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/insaniyat/8277 ; DOI : https://doi.org/10.4000/insaniyat.8277


Auteur

Farid Benramdane
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