Algérie

ATMOSPHÈRE LOURDE ET CALME PRECAIRE APRÈS LA VISITE DE YOUCEF YOUSFI



ATMOSPHÈRE LOURDE ET CALME PRECAIRE APRÈS LA VISITE DE YOUCEF YOUSFI
Scènes de violences dans la ville de Ghardaïa. Les traces sont visibles à l'?il nu, et malgré un relatif retour au calme, des feux continuent à monter, par-ci, par-là, des magasins continuent de brûler et la vendetta est sur toutes les langues, d'un côté comme de l'autre.Des convois des forces de sécurité continuent d'affluer vers la ville où les brigades anti-émeutes sont omniprésentes, notamment dans les quartiers chauds. Une présence assez forte est remarquée devant le tribunal où comparaissaient les nombreuses personnes interpellées ces derniers jours. De loin, des petits groupes de proches attendaient sagement le verdict. Mais dans toutes les langues, le calme précaire que vit la ville ne rassure pas. "Ça peut reprendre à tout moment, un peu partout", nous lance-t-on.La ville de Ghardaïa vit, depuis mercredi dernier, un climat de tension sans pareil, et qui a déjà coûté la vie à trois personnes, sans compter le nombre important de blessés et les dégâts matériels qui se chiffrent par milliards, que ce soit pour les commerces, les représentations des concessionnaires automobiles ou les habitations.Mardi, la ville était quasi déserte, aucun magasin n'était ouvert, un seul café dans toute la ville a osé servir ses clients, alors que l'atmosphère reste lourde et les traces des violents affrontements sont visibles un peu partout, tout comme les inscriptions carrément racistes, du genre "dégage d'ici". Chaque communauté se venge de l'autre et chacune impute la responsabilité de la situation à l'autre, et tout porte à croire que l'on est loin d'une atmosphère permettant la réouverture des commerces et le retour à une vie normale. Les violences avaient repris dans la nuit de mardi dernier, lorsque des jeunes ont attaqué un café situé aux bordures de l'oued, en face de Melika. S'en est suivi une série d'attaques et de contre-attaques dans différents quartiers, avec des incendies de commerces, de véhicules et parfois d'habitations. Mais c'est la mort de trois jeunes qui a exacerbé la tension. Ces derniers ont été touchés par des projectiles fabriqués à partir de morceaux de rond à béton.L'arrivée en catastrophe du Premier ministre par intérim, accompagné du ministre de l'Intérieur et du patron de la Gendarmerie nationale n'a pas permis de calmer les esprits. Bien au contraire. Au moment où la délégation était au siège de la wilaya, des milliers de personnes, dont des femmes et des enfants, prenaient d'assaut le siège de la wilaya. Ils voulaient que le wali sorte leur parler, mais las d'attendre, ils ont fini par défoncer les portails, l'un après l'autre, jusqu'à se retrouver dans le bureau du wali, nez à nez avec Youcef Yousfi, Tayeb Belaïz et le général-major Ahmed Boustila. Il aura fallu tout le sang-froid du ministre de l'Intérieur pour calmer les esprits, suivi du Premier ministre par intérim. La présence des membres du gouvernement n'aura pas permis de calmer les esprits, puisque les délégations des deux communautés ont été reçues séparément. Ces dernières continuent à se regarder en chiens de faïence et à s'échanger les accusations quant à la responsabilité dans ce drame intercommunautaire.Lundi, des milliers de personnes se sont rassemblées devant l'hôpital pour accompagner les dépouilles des trois jeunes morts durant les dernières violences. Le cortège funèbre parcourra à pied les trois kilomètres séparant l'hôpital du cimetière, sous les youyous stridents des femmes et le survol des hélicoptères de la Gendarmerie nationale. Une ambiance de guerre civile qui ne dit pas son nom, mais que rien ne peut, désormais, cacher. Les mesures prises par Abdelmalek Sellal, pour contenir le conflit, n'ont visiblement rien donné et tout présage d'un regain de tension, à tout moment. Le problème de Ghardaïa reste entièrement posé.Les deux camps sont pénalisés par ce conflit, puisque les commerces et les écoles restent fermés, et l'ambiance est au "sauve qui peut". En plus des familles obligées de quitter leur domicile par crainte pour leur vie, plusieurs cadres, venus du Nord, affirment clairement leur désarroi et leur crainte pour leurs enfants et leurs familles. "C'est devenu invivable ici. Dire que la ville accueillait des milliers de touristes du monde entier et il faisait bon vivre !" regrette un chef d'entreprise originaire d'Alger, et qui a passé 40 années à Ghardaïa.Au-delà du travail de la justice et des équipes d'enquête sur la vérité de ce qui s'est passé cette semaine, il y a lieu de se poser les questions quant à la responsabilité de ceux qui poussent les jeunes, d'un côté, comme de l'autre, à commettre des actes de violence, et de savoir si les notables, représentants traditionnels des deux communautés, ont une réelle prise sur le cours des événements ou, au contraire, ils sont complètement dépassés.La crise récurrente que vit Ghardaïa dépasse le cadre de simples incidents et risque, si elle n'est pas sérieusement prise en charge, de constituer une véritable bombe à retardement.A. B.NomAdresse email




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