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Athlétisme :



Athlétisme :
Un génie précoce et une taille XXL (1,96 m) ont porté la révolution qu'Usain Bolt, le sprinter de tous les records qui clèt sa carrière aux Mondiaux de Londres (4-13 août), a fait souffler sur la vitesse pendant 10 ans.«A 15, 16, 17 et 18 ans, il était déjà en avance. Des fibres (musculaires) trop parfaites», avait lancé le placide Glen Mills quand son élève surdoué avait encore descendu ses records du monde sur 100 m (9.58) et 200 m (19.19) aux Mondiaux 2009 à Berlin. «C'est la farine de manioc», avait ajouté Wellesley Bolt, grand gabarit également, à l'évocation de son fils prodige. Pour les physiologues et biomécaniciens qui se sont penchés sur l'homme et sa course, cet incroyable talent sportif ne pouvait éclore nulle part ailleurs qu'en terre de Jamaïque, où le sprint est une école de vie.Mais le succès de la révolution a tenu à peu de choses : à cette sévère scoliose, source de problèmes physiques en début de carrière, qui a pu être contenue. «Quand il est arrivé dans mon groupe (début 2005, ndlr), le moteur extraordinaire était là mais il fallait absolument renforcer la carrosserie», avait expliqué M. Mills lors des Jeux de Pékin, où Bolt avait ouvert son incroyable collection d'or en 2008. Å'il averti- il entraîne depuis l'adolescence -, M. Mills a imposé à son poulain des séances de musculation et de gainage avec fermeté et conviction.Même s'il reste discret sur sa méthode, l'entraîneur de Bolt confie n'avoir rien inventé. «Il y a eu une révolution au saut en hauteur, avec Fosbury. Pas en sprint, que je sache», remarque Pierre Carraz, entraîneur historique de Christophe Lemaitre, médaille de bronze du 200 m aux Jeux de Rio.Respect des fondamentaux«Bolt a couru avec ses moyens physiques, en respectant les fondamentaux de la technique», ajoute M. Carraz qui, dans son panthéon personnel, place «L'Eclair» en tête des grands sprinters de l'après-guerre, devant la «bête» Bob Hayes, impressionnant champion olympique du 100 m sur la cendrée de Tokyo en 1964, et Tommie Smith, qui avait survolé la finale du 200 m aux Jeux de Mexico en 1968. «La révolution, c'est plus dans la manière que Bolt a eu d'aborder les courses. En dédramatisant, avec décontraction», souligne pour sa part l'ancien sprinteur sarde Salvino Tortu, pour qui l'Américain Carl Lewis, le crack des années 80-90, reste la référence technique. «Il a révolutionné l'athlétisme, car il a su impulser un autre état d'esprit et changer même la mentalité des coaches. Avant lui, on orientait un gars d'1,96 m pour 94 kg vers le 400 m et pas vers le 100 m. Il a imposé un nouveau morphotype», renchérit Guy Ontanon, l'ex-entraîneur de Jimmy Vicaut, le co-détenteur du record d'Europe du 100 m (9.86). Pour le coach français, le Jamaïcain «a introduit dans un univers de fauves les notions de partage, d'échange, de fête». Et d'ajouter : «Bolt est la fusion de tous les grands sprinters passés, plus la taille. Et il prend son temps (dans la construction technique de sa course, ndlr). Pour moi, le successeur de Bolt n'est pas encore né».La barre haute«J'espère que j'ai mis la barre suffisamment haut pour que personne ne puisse le refaire. J'ai prouvé que je suis le plus grand de ce sport et, pour moi, c'est une mission accomplie», avait soufflé Bolt, une fois son troisième triplé olympique achevé à Rio. Le plus grand ' Incontestablement par le palmarès, à donner le vertige, du haut de huit titres olympiques (celui du 4x100 m en 2008 lui a été retiré après la ré-analyse des échantillons de son partenaire Nestor Carter, ndlr) et onze «or» aux Mondiaux. A Londres, il pourra y ajouter ceux des 100 et 4x100 m.Pour rappel, Hayes a clos sa carrière à 21 ans, invaincu en 54 courses. A son époque, l'athlétisme ne nourrissait pas ses champions et les Mondiaux n'existaient pas. La révolution Bolt, encore. Le Jamaïcain a fait la course en tête dans la professionnalisation du premier sport olympique, avec un ticket d'entrée en meeting autour de 300 000 dollars. Athlète bionique, Bolt a avoué il y a 12 jours à Monaco qu'il avait un regret. «J'avais les moyens peut-être de descendre sous les 19 secondes sur 200 m, mais je n'en ai jamais eu la possibilité, à cause des blessures aussi».


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