« Bien informé, on est citoyen »
L?Algérie a été le premier pays arabe et africain en 1991 à se connecter à Internet grâce à une association privée à but non lucratif, mais ces premières impulsions n?ont pas connu des suites favorables. Ce constat a été fait par Mahiedinne Ouhadj, conseiller au ministère de la Poste et des Technologies de l?information et de la communication, avant-hier soir à l?hôtel Sheraton Club des pins, sis à Staouéli (Alger). Cet ingénieur en télécoms a été invité en qualité d?expert, à l?occasion d?un atelier portant sur le thème : « La bonne gouvernance et le rôle des médias en Algérie. » Un atelier organisé par le Syndicat national des journalistes (SNJ) en collaboration avec la Fondation Konrad Adenaeur (Allemagne) et le concours du bureau Maghreb de la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Ouhadj devait indiquer que la gouvernance vient du mot latin « gubernare » qui veut dire « diriger un bateau ou le conduire mais non ramer » et que « les nouvelles technologies mettent à nu les gouvernements ». C?est par rapport à cela que Rabah Abdellah, secrétaire général du SNJ, précisera que « le concept de bonne gouvernance est un générique qui emballe, mais chacun l?interprète à sa manière ». Johannes Westerhoff, nouvel ambassadeur d?Allemagne à Alger - depuis juillet dernier - soulignera que « dans un Etat démocratique, une presse libre est indispensable ». Car, ajoutera-t-il, « le monde politique a besoin de la presse pour bien gouverner, comme la presse a également besoin du monde politique pour façonner son menu ». D?où la sentence de Alfred Saury : « Bien informés, les hommes sont citoyens », cité par Ouhadj. Ce dernier rappellera que la connectivité globale (Internet, téléphonie fixe et mobile) est passée en Algérie de 6 à 40% de 2001 à 2005. Or, Saddou, un universitaire chercheur en sociologie, se demandera si cette avancée est un indicateur qui exprime réellement un accès des citoyens au service public qu?offrent les nouvelles technologies de l?information et de la communication (NTIC). Mais aussi et surtout « est-ce que les efforts accomplis en Algérie et dans le tiers-monde ne sont pas faits sous coupe réglée des puissances financières et des magnats locaux ». C?est là que Ahmed Ancar du journal El Watan s?interroge comment avec 8 millions d?analphabètes actuellement, les pouvoirs publics en Algérie comptent-ils vulgariser l?utilisation d?Internet et assurer un libre fonctionnement des médias. « C?est vrai qu?il y a aujourd?hui 30 radios locales, mais c?est fait pour rapprocher le marteau de la tête du citoyen », ajoutera-t-il. Ouhadj exposera alors, à l?aide de datashow, un modèle de fourniture de services qui concerne le portail gouvernemental. Ce modèle sera finalisé en 2006 et permettra, selon Ouhadj, un accès direct vers un réseau intranet des administrations et des citoyens. Ouhadj, membre de la Commission de réforme des missions et structures de l?Etat (CRMSE) présidée par Missoum Sbih, a noté que « les pouvoirs publics n?ont jamais opéré un contrôlé sur l?accès à Internet comme ça se fait ailleurs et ils n?ont nullement bloqué un site comme certains le pensent ». Brahim Brahimi, professeur associé à l?Institut des sciences de l?information et de la communication (ISIC), est intervenu avec une communication sur le thème : « Presse et démocratie en Algérie depuis 1990 : les acquis et les blocages. » Il avouera qu?il y a « un recul terrible » comparativement aux années précédentes, surtout qu?en 2001 il y a eu pénalisation du travail journalistique. Il évoquera le poids des annonceurs dans l?évolution des journaux et la nécessité pour les journalistes de mieux s?organiser. Il ne manquera pas de donner l?exemple du Nouvel observateur où une charte a été élaborée pour baliser la relève au sujet de l?éditorial.
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Posté Le : 01/11/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salah Eddine Belabes
Source : www.elwatan.com