Algérie

Atavisme et déballage



Atavisme et déballage
Nous sommes encore loin de la campagne électorale et, pourtant, partisans et adversaires du quatrième mandat s'étripent sans retenue, donnant ainsi une piètre image du «système» algérien. Dans cette lutte pour le pouvoir, les Algériens sont tenus à l'écart, ignorés par les protagonistes, méprisés d'une certaine manière et écartés de ces «rixes» où tous les coups sont permis, même, comme on dit en boxe, ceux en dessous de la ceinture.De telles m?urs ne sont pas nouvelles dans notre pays et contribuent à discréditer tout, absolument tout, y compris ce qu'il y a de plus noble, de plus généreux, quand on n'y prend pas garde ou quand on le fait à dessein. Il faut dire qu'elles remontent à loin, jusqu'à la veille de l'indépendance, un certain 6 juin 1962 à Tripoli, en Libye, où se tenait la première réunion des dirigeants de la Révolution algérienne qui devait dégager le programme, la «feuille de route» dirait-on aujourd'hui, de l'Algérie indépendante. Ce jour-là, des membres de cette direction révolutionnaire s'affrontèrent pour une quelconque divergence, non plus à coups d'arguments mais par des insultes, se menaçant mutuellement de «faire baisser le pantalon à l'autre». Il est d'ailleurs symptomatique que, ce jour-là, c'est le futur chef de l'Etat algérien qui s'en est pris au président sortant du Gouvernement provisoire, cela a suffi d'ailleurs à interrompre cette réunion, décisive pensait-on à l'époque, et dont les travaux n'ont jamais repris. Pendant qu'à Tripoli se tramaient des complots pour la prise du pouvoir après le 5 juillet, le peuple, lui, fortement éprouvé par sept années et demie de lutte armée contre le colonialisme, ne savait rien de ces tractations et était maintenu volontairement dans l'ignorance.Cinquante-deux ans après l'indépendance, alors que l'histoire de la guerre de Libération nationale reste à écrire, un des acteurs de l'époque, par ses déclarations et se rétractant aussitôt, sème le doute dans les esprits, jetant au passage une bonne once de discrédit sur la Révolution algérienne et sur ceux qui y ont participé.On comprend aujourd'hui aisément que ce déballage de linge sale n'a d'autre objectif, dans l'esprit de ceux qui y participent, que de prendre ou de garder le pouvoir, quitte à faire appel pour cela à n'importe quel procédé. Ni retenue ni morale, en somme. Il est sûr que les Algériens auraient aimé que les protagonistes autour de la présidentielle du 17 avril s'affrontent à coups d'arguments sur les moyens de sortir le pays de la crise multidimensionnelle dans laquelle il se trouve. Comment juguler la corruption, la prédation tous azimuts et tous les maux qui gangrènent le pays, comment aller vers une société apaisé où le vivre-ensemble prendrait toute sa signification, toutes ces questions et bien d'autres sont, malheureusement, actuellement absentes de ces «joutes oratoires» qui ont pour toile de fond le pouvoir. Face à cela, faut-il s'étonner alors que les Algériens aient du mal à contenir la sensation «tous pourris et qu'ils s'en aillent tous». Ces travers et bien d'autres suffisent amplement pour espérer que vienne au plus vite la fin du «système» qui a prouvé sa faillite.




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