La communauté des
assureurs algériens, privés et publics, ne voit pas d'un mauvais Å“il l'arrivée
de l'assureur français AXA. Ils y voient «un plus pour l'assuré», une «bonne
chose pour le marché», et «une concurrence qui devrait aider à améliorer le
secteur». Tous attendent d'AXA d'«apporter du nouveau» et de ne pas se
contenter prendre des parts de marché parmi les sociétés internationales
installées en Algérie ou les grandes entreprises nationales.
Pour Hassan Khelifati, PDG d'Alliance Assurances, la venue d'AXA «est
une bonne chose». Il pense que cela va «challenger» les assureurs algériens et
apporter des méthodes de travail aux standards internationaux. «J'espère que
AXA va venir avec un plan d'investissement et de modernisation du marché. Nous
souhaitons qu'elle ne vienne pas uniquement pour écrémer sur des compagnies
internationales et des grandes entreprises nationales, mais pour développer de
nouveaux produits, de nouvelles approches du client. C'est ce qui va stimuler
les autres compagnies, et sera dans l'intérêt de l'assuré algérien», ajoute Khelifati.
Le marché a besoin
d'une nouvelle offre
Interrogé sur la
branche assurance-vie, sur laquelle AXA pourrait avoir de forts arguments, le
patron de d'Alliance Assurances annonce que sa compagnie va bientôt «conclure
un accord avec un partenaire international». «C'est un axe stratégique de notre
développement. J'espère que l'accord sera conclu avant la fin de ce mois de
juin, pour être prêt à démarrer au début 2012, après le passage devant les
autorités», ajoute-t-il. Le partenaire en question «est une filiale d'une
compagnie européenne basée en Tunisie». Au-delà de la diversité des acteurs, le
PDG d'Alliance Assurances estime que le marché algérien des assurances «a
besoin d'une profonde réforme pour booster l'offre et permettre aux compagnies
d'étendre leurs réseaux et de mieux gérer leurs finances». Il s'agit, précise-t-il,
«d'une réforme en matière d'intermédiation et de placements, pour permettre
plus de flexibilité et de présence sur le terrain. Le marché a besoin d'une
nouvelle offre mieux structurée envers les particuliers et les PME-PMI». En
tous cas, au stade actuel du marché, Alliance Assurances arrive à réaliser ses
objectifs. Selon son PDG, à fin 2010 «le chiffre d'affaires (CA) réalisé était
de 3,425 milliards DA (MDA), soit plus 20% par rapport à 2009». Pour 2011, la
compagnie a déjà réalisé 50% de ses objectifs de CA, soit «2 MDA sur les 4 MDA
prévus» au cours de cette année. A la fin du troisième trimestre de 2011, Alliance
Assurances prépare le lancement de son «plan stratégique pour la période 2012-2014».
Des craintes, mais
pas de la venue d'AXA
Interrogé lui
aussi sur la venue d'AXA en Algérie, Tahar Bala, DG
de l'Algérienne des Assurances (2A), filiale du Groupe Dahli,
affirme que «la concurrence ne peut être que bénéfique pour le secteur». Pour M.
Bala, les craintes des compagnies privées sont dans
l'entrée en vigueur du décret imposant la création de filiales assurance-vie. «Nous
disposons d'un court délai, qui a été prorogé au 30 juin 2011, mais aucune des
compagnies n'a pu faire quoi que ce soit, parce que les conditions sont très
contraignantes», affirme le DG de la 2A. L'Union algérienne des sociétés d'assurance
et de réassurance (UAR) serait sur le point de «demander aux autorités un (autre)
différé», ajoute notre interlocuteur qui considère que le délai raisonnable
devrait être de «deux à trois ans». Pour rappel, le décret en question impose
aux sociétés d'assurance de porter le capital à 2 milliards de dinars (MDA) pour
l'assurance dommages, et de filialiser l'assurance-vie qui doit être dotée d'un
capital de 1 MDA. Pour la plupart des assurances privées de la place, il
fallait donc injecter, dans un délai d'une année, avant d'être prolongé de 6
mois, un total de 2 MDA pour les deux branches.
A noter aussi que la 2A a réalisé en 2010 un
chiffre d'affaires de «plus de 3,2 MDA», soit une «évolution de 15%» par
rapport à 2009. Les prévisions de croissance de la 2A pour 2011 sont également
de 15%.
Pas d'appréhension
chez les assureurs publics
Les assureurs
publics n'ont exprimé aucune crainte à l'égard de l'arrivée d'AXA, en raison, disent-ils,
des «spécificités du marché algérien». «Le plus gros des assurables ce sont les
grandes entreprises publiques qui ne vont pas aller vers une entreprise privée
même s'il s'agit d'un géant mondial. En tout cas pas avant qu'elle ne fasse ses
preuves, ce qui demande pas moins de 4 à 5 ans», affirme un responsable d'une
compagnie publique. Notre interlocuteur exprime le souhait de voir AXA «introduire
un saut qualitatif en matière de technologie (la vente sur Internet, par
exemple) et de ramener de nouveaux produits d'assurance», pour secouer «les
méthodes de travail obsolètes du secteur» en Algérie. «Si c'est pour constituer
la locomotive, c'est tant mieux», conclut la même source.
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Posté Le : 07/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelkader Zahar
Source : www.lequotidien-oran.com