C'était en 2004. Elle n'avait que son amour infini pour son petit Lokman, autiste, beau comme un ange. Emue, elle en parle : « J'avançais en tâtonnant, je n'avais aucune idée de ce que je devais faire, je savais juste qu'il ne fallait pas se soumettre à la fatalité ; je devais tout essayer pour faire émerger mon enfant des ténèbres dans lesquelles il était plongé. » Une grande aventure venait de naître. Des parents d'enfants, atteints du même mal, dans le marasme total, sont venus à elle. Ces familles ont en commun un grand sentiment de solitude et d'impuissance face à cette maladie méconnue, perçue comme une arriération mentale, et de ce fait incurable.Selon des statistiques approximatives du ministère de la Solidarité, il y aurait 37 000 enfants autistes en Algérie, parmi lesquels 1000 dans la wilaya de Constantine. Grâce à l'association Wafa, beaucoup de mères, et quelques pères, ont appris la patience et surtout la persévérance avec leurs enfants autistes, auxquels sept éducatrices, dont deux psychologues, inculquent les gestes les plus anodins, primaires mêmes, pour leur donner ne serait-ce qu'une infime conscience du monde réel. Ils sont, pour la plupart, dans un état végétatif, déréel, parfois d'une violence extrême. Ils sont pris en charge dans des classes improvisées, avec les moyens du bord, dans un appartement en colocation avec une école privée dispensant des cours de soutien. Cependant, cet appartement, situé au 2e étage, n'est pas approprié à ces enfants âgés entre deux et treize ans, infiniment fragiles et difficiles à gérer. Au nombre de 39, dont 24 réguliers et 15 ambulatoires (ces derniers viennent une fois par semaine), ils sont répartis en quatre groupes. Ils suivent un programme canadien, Apprentissage, behaviourisme appropriated (A.B.A.), en images, avec une structuration de l'espace et du temps, basé sur les repères, notions essentielles pour un autiste, en plus d'un peu de gymnastique et d'une séance de natation au CREPS, les mardis.Ils ont appris la propreté en quelques mois, alors qu'au départ, ils portaient des couches-culottes. « Ce sont des victoires incroyables pour un enfant autiste que de savoir rester propre, reconnaître les objets et être réceptif », explique la présidente de l'association. Certains sont très éveillés, à l'exemple de Sadek, 7 ans, qui dessine et communique avec son entourage. Le cas le plus lourd est le petit Aymène, auquel sa mère met des gants pour qu'il ne se blesse pas les mains en les mordant. C'est dire toute la difficulté de cette tâche de tous les instants, qui demande toute l'abnégation du monde, et aussi quelques moyens matériels. La subvention qui était allouée à l'association par l'Union européenne, en convention avec le ministère de la Solidarité, en août 2008, a pris fin le même mois de l'année 2009. Depuis, aucune aide. Les parents, dont la majorité est démunie, payent la somme symbolique de 1000 DA, mais c'est loin d'être suffisant. Cet acquis risque donc de disparaître si les âmes charitables ne s'impliquent pas. Dans le même ordre d'idées, Mme Boufama a tenu à remercier quelques personnes pour leur générosité envers ces enfants, notamment Ahmed Bouchtata, Fayçal Hatab et Farouk Hazazi. à noter qu'il est prévu la réalisation de cinq centres spécialisés pour enfants autistes au niveau de cinq régions du pays. Celui d'Alger est déjà opérationnel. à quand les autres ' Un appel solennel est lancé aux autorités et à la société civile, ne serait-ce que pour doter l'association d'un local plus adapté à ces enfants.
Posté Le : 13/05/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Farida Hamadou
Source : www.elwatan.com