Dans une wilaya qui regorge de personnalités et de symboles culturels et historiques, les autorités n’ont pas trouvé mieux que de décorer les lieux avec des ustensiles de cuisine.
Profitant de la tenue du Mois du patrimoine, l’association Mosaïque, dirigée par Mohamed Slimani, qui œuvre pour la sauvegarde, la promotion et la vulgarisation des richesses du patrimoine matériel et immatériel de la Reine des Zibans, dénonce dans un communiqué transmis à la presse la laideur et l’insignifiance du contenu des décors des ronds-points réalisés dernièrement à différents endroits du réseau routier de Biskra.
Le rond-point de la route de l’aéroport Mohamed Khider est orné d’une immense théière en plâtre et ciment couleur jaune d’œuf avec un verre à thé. Un autre représente une tente bédouine d’un noir goudron. Celui de la route de Batna est agrémenté en son centre d’immenses amphores jaunâtres surmontées de palmiers dattiers en plastique.
«Un comble au pays de la datte», font remarquer les membres de cette association.
Un autre rond-point sur le périphérique de la zone ouest montre un bloc de ciment se voulant être la représentation d’un coffret traditionnel, sur lequel sont posés des bijoux en argent et perles, réalisés en pièces d’aluminium. Celui du boulevard Benyahia, en face de Hammam Salihine, est orné d’un édicule portant des dauphins.
Enfin, pour terminer cette liste de ronds-points décriés par l’association Mosaïque, et dont les remarques recueillent l’adhésion de beaucoup d’habitants de Biskra, d’autres aménagements autoroutiers sont décorés d’ustensiles de cuisine ou d’instruments de musique entourant une immense clé de sol.
«L’ancien wali a causé beaucoup de torts à la ville de Biskra en octroyant des marchés concernant la construction et la décoration des ronds-points, se voulant des symboles de Biskra, sans consulter les élus de l’APC et de l’APW et sans même recourir à de bonnes entreprises au fait de l’histoire et des richesses culturelles de Biskra, laquelle doit être symbolisée par ses roses légendaires (Roses de Damas), par le luth de Maâti Bachir et de Safa Bouz, par les moudjahidine qui ont pris le maquis contre le colonialisme et par nos héros ; Larbi Ben M’hidi et Mohamed Assami, par nos poètes Mohamed Laïd El Khalifa et Mostapha Benrahmoune et bien d’autres, par la science, par nos athlètes, par les chevaux de course, par l’aviation et ses dizaines d’artistes. Biskra est une ville de science, de littérature, d’art et d’histoire. Comment peut-on la réduire à la simple expression primitive d’ustensiles de cuisine», ajoute M. Slimani.
L’association Mosaïque demande au nouveau wali de Biskra, Ahmed Kerroum, d’intervenir pour mettre un terme à «cette mascarade et ce massacre des référents culturels locaux», selon ses estimations.
Photo: Il y a plein de bizarreries sur les routes de la Reine des Zibans
Hafedh Moussaoui
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Posté Le : 07/05/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Hafedh Moussaoui
Source : elwatan.com du mercredi 3 mai 2017