Algérie

Assirem, l'école de foot qui agonise



Assirem, l'école de foot qui agonise
« L'amour du football est la seule chose qui nous motive et nous donne du courage pour essayer de survivre», nous explique Amar, jeune entraîneur bénévole à l'école de football lancée il y a deux ans par le club sportif Assirem, à Tizi Ouzou.Cinquante enfants de deux catégories, U13 et U15 sont inscrits et suivent régulièrement des formations et des séances d'entraînement, malgré le nombre de problèmes que rencontrent les dirigeants de ce club. «Dès la création, nous avons commencé par nous endetter afin d'acheter le minimum de matériel que les entraîneurs utilisent lors des séances d'entraînement. Il nous est même arrivé de contacter d'autres clubs pour nous prêter leur matériel pour des séances d'entraînement», se désole Lounis Cherief, vice-président du club.Les inscrits sont obligés à chaque fois de chercher où s'entraîner et recevoir l'équipe adverse, lors du championnat organisé par la Ligue sport pour tous. Afin d'assurer une formation de qualité aux enfants, les entraîneurs de l'école souhaitent suivre des formations, mais «rien ne se fait sur le terrain. Nous sommes deux enseignants d'éducation physique et sportive spécialisés dans le football, mais nous ne sommes pas formés pour entraîner des catégories telles que les benjamins et les minimes.Normalement, le ministère et ses antennes dans chaque wilaya doivent organiser des formations de ce genre pour les bénévoles afin d'avoir un produit de qualité au final et de canaliser les ressources des enfants et des entraîneurs comme il le faut». Amar poursuit : «Pour se déplacer, l'APC d'Iferhounene met à notre disposition un bus, une fois sur dix déplacements.Et pour les autres, nous sommes obligés de louer des minibus qu'on paye nous-mêmes, parfois avec le peu de dons que reçoit le club et d'autres fois avec notre argent personnel ! Pis encore, lors de la réception des clubs et des écoles, on fait appel à l'APC voisine pour nous donner l'autorisation afin de recevoir sur son terrain qu'on doit à chaque fois nettoyer avec la participation des joueurs.»Ces petits clubs, qui assurent l'existence des activités sportives dans les zones les plus éloignées des grandes villes, sont malheureusement marginalisés même par les organismes qui sont censés leur donner des subventions et des aides matérielles.«Nous avons reçu une subvention annuelle de 58 000 DA le mois dernier par l'APC d'Iferhounene, mais que voulez-vous faire avec cette somme en une année ' Celle-ci ne suffit même pas à satisfaire notre besoin en ballons de foot pendant un mois», se révolte Amar, entraîneur.Durant les intempéries, Lounès, 15 ans, un jeune joueur dans la catégorie U15 et ses camarades, s'entraînent malgré le froid de canard. «On s'entraîne parfois sur la neige ou sous la pluie, car la seule salle qui existe dans la commune d'à côté, illilten, n'est pas fréquentée par les sportifs. Elle existait avant même ma naissance, mais les travaux d'aménagement à l'intérieur n'ont jamais été pris au sérieux par les autorités locales ni celles de l'APC, c'est un mépris total pour le sport de leur part, malgré la montée en flèche du fléau de la consommation de drogue», se désole Lounès.Alors que le ministère des Sports sollicite l'argent des sponsors pour payer une visite de Maradona ou une rencontre avec le Real Madrid facturée à plusieurs millions de dollars, afin de promouvoir son image à l'échelle mondiale comme étant un pays de football. «La nécessité de soutenir de telles initiatives n'est pas vraiment prise au sérieux.Maintenant que les caisses sont pleines, les organismes continuent à verser plus de 70% des subventions aux grands clubs de football, et les 30% qui restent sont versés aux autres petits clubs, toutes disciplines et catégories confondues !», s'indigne cet ancien responsable du ministère de la Jeunesse et des Sports. Amar espère que «les responsables des différents organismes sportifs du pays changent de politique sportive, car le seul moyen pour mettre fin au phénomène de l'importation de joueurs depuis l'étranger est bien la formation des jeunes catégories, même si l'objectif est à long terme», conclut-il.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)