La fille de Cherchell, Assia Djebar, de son vrai nom Fatma Zohra Imalayene, est déjà détentrice de nombreux prix et occupent un siège à l'Académie française depuis juin 2005. Son ?uvre entamée avec « la Soif », roman de jeunesse parue en 1957, s'est poursuivie en un peu plus d'un demi-siècle avec de nombreux romans qui s'inspirent de la tragédie vécue par les Algériens durant la guerre de libération et pendant la décennie noire. Elle s'est surtout intéressée au destin des femmes au cours de l'histoire tourmentée du pays. Si des livres comme « les Enfants du nouveau monde », « l'Amour la fantasia » ou « le Blanc de l'Algérie » reflètent les espoirs et les tragédies de son pays natal, son écriture a une résonance universelle de par les thèmes choisis et qui peut emporter les suffrages du jury. La femme qui enseigna dans de grandes universités américaines n'est pas une illustre inconnue en Algérie. On peut certes déplorer que ses romans ne soient pas traduits en arabe, mais la romancière figure dans les programmes scolaires, et ses écrits ont suscité de nombreux travaux de recherches. Des colloques ont disséqué son écriture et ses thèmes de prédilection comme la transmission de la mémoire, le statut des femmes et les individus empêtrés dans la tourmente de l'histoire. Vers la fin des années 1970, Assia Djebar délaissa momentanément la littérature et se tourna vers le cinéma. La RTA avait alors produit « la Nouba des femmes du Mont Chenoua » qui eut une récompense à la Mostra de Venise. Ce film résume sa quête de reconstitution d'une mémoire effilochée. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les réminiscences liés à la période de tournage ont ensuite constitué la matière de son livre « la Femme sans sépulture » paru en 2002. Elle y retrace avec talent et émotion la destinée tragique d'une femme martyre de Cherchell, Zoulikha Oudai. Son ?uvre prolifique et la qualité de son écriture lui ont assuré une audience internationale. Ce n'est nullement un hasard si son nom avec celui de Mohamed Dib, dont l'?uvre est tout autant foisonnante, sont les plus cités pour le Prix. Un auteur comme Amine Zaoui estime qu'elle demeure un auteur enraciné dans le local. La consécration de Naguib Mahfouz réfute cette assertion, l'?uvre de ce dernier s'articulant essentiellement autour des quartiers et du petit peuple du Caire. L'espoir est permis pour qu'Assia Djebar rejoigne la courte liste des auteurs africains déjà consacrés. Pour Naguib Mahfouz, seul romancier arabe a être distingué en 1988, d'aucuns ont lié cette distinction à sa position modérée sur le conflit israélo-arabe. Il faut savoir que l'Académie suédoise se base aussi sur d'autres critères en récompensant des écrivains africains comme Wole Soyinka ou Coetzee. Les écrits de l'un et de l'autre se situent loin de ce paramètre. Le jury a aussi maintes fois brouillé les pistes en sortant un lauréat que nul n'attendait.
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Posté Le : 07/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : H Rachid
Source : www.horizons-dz.com