Bâillonnée, voilée, ensevelie, veuve, coupée, étranglée : la voix de l'écrivain Assia Djebar voue le texte littéraire à une double révélation.
Révélation de l'espace féminin tramé de secret, séparé, murmures entre les murs. Révélation aussi d'Algérie à plus d'une langue ou, comme elle décrit : " des Algéries ". L'œuvre, retraversée ici dans son ampleur pour la première fois, n'a cessé de faire de la littérature le lieu de tous les combats : pour une mémoire algérienne occultée par l'histoire militaire française ; pour la liberté des femmes dans l'Islam ; contre la violence et pour une Algérie des différences et des pluralités culturelles. Ainsi à l'écoute du tissu narratif habité par l'autobiographie, ou à la poétique est indissociable du politique, la lecture des ouvrages d'Assia Djebar explore la voie frayée à l'avenir en des projets immémoriaux, et comment l'œuvre d'art donne ce qui est legs de femmes une grammaire singulière. Berbérophone par sa mère, arabophone par son père, écrivant dans la langue française qui fut langue d'oppression pour les pays du Maghreb, pour elle langue d'émancipation pendant les années d'études en Algérie puis en France, Assia Djebar est un écrivain affronté à tous les partages, les passages. Assia Djebar ou la Résistance de l'écriture présente en outre de nombreux documents inédits : scénario, photogrammes de films, photos de mise en scène d'un opéra, tirages de l'album personnel, correspondance privée, autant d'éléments qui témoignent d'un regard sans précédent sur la création et sur le monde. L'œuvre d'Assia Djebar a reçu le prestigieux Neustadt Internetional Prize for Literature (1996), ainsi que le prix de la paix 2000 qui est, en Allemagne, la plus haute distinction pour un engagement politique et éthique de la pensée.
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Posté Le : 25/05/2011
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : Mireille Calle-Gruber
Source : decitre.fr