Qui a intérêt à mener cette campagne très organisée de discrédit, féroce
et infondée, déclenchée à Paris contre l'Armée algérienne, avec l'objectif de
troubler le climat politique entre l'Algérie et la France ?
Beaucoup de bruit pour rien : tour à tour, deux hommes politiques français
et pas des moindres, battent en brèche la thèse du «Qui tue qui ?». Alain
Juppé, Premier ministre à l'époque des faits, et Hervé de Charette, son
ministre des Affaires étrangères d'alors, ont déclaré, mardi 7 juillet, «porter
peu de crédit au témoignage de l'ancien attaché de Défense français à Alger,
rapporté lundi, selon lequel les sept moines de Tibehirine n'auraient pas été
tués par le GIA mais lors d'une «bavure» de l'armée algérienne, ce que Paris
aurait ensuite tu.»
Dans un entretien publié par le journal français L'Express, Hervé de
Charrette affirme que «ce genre d'affaire suscite toujours le même type de
remontées d'huile destinées à battre en brèche la version officielle. Il y a
toujours des personnes qui trouvent intérêt à manipuler les informations sur
des dossiers sensibles. En tant que ministre des Affaires étrangères, je n'ai
jamais eu connaissance de cette thèse développée aujourd'hui par monsieur
Buchwalter. Pour moi, ce n'est qu'une opinion, celle d'un fonctionnaire, parmi
tant d'autres.»
Pour sa part, l'ancien chef du gouvernement français, Alain Juppé, a
déclaré sur France Info que «ce ne sont pas les premières rumeurs qui circulent
sur l'origine de ce massacre». Il s'agit là d'une «énième version», a lancé
Hervé de Charrette, sur la chaîne de télévision LCI.
Les deux ex-membres du gouvernement français affirment qu'ils n'avaient
pas été mis au courant d'une possible «bavure» de l'armée algérienne. «Je
prends acte du fait qu'un nouveau témoignage apparaît aujourd'hui, je n'en sais
pas plus que ce que je lis dans la presse», a indiqué Alain Juppé, tandis que
Hervé de Charette a assuré n'avoir pas été informé à l'époque de cette
«bavure».
«Je ne vois pas ce qu'il y a à cacher sur ce drame», a-t-il ajouté, alors
qu'on lui demandait s'il était favorable à la levée du secret défense. «Ce fut
un drame épouvantable, a rappelé l'ancien chef du gouvernement, et dès que nous
avons appris l'enlèvement des moines de Tibehirine par le GIA, nous avons
utilisé toutes les procédures et tous les moyens pour essayer d'obtenir leur
libération. Malheureusement, ces négociations ont échoué. Depuis lors, des
rumeurs circulent sur l'origine de ce massacre». Hervé de Charrette s'est dit
prêt à témoigner devant les juges chargés du dossier, indiquant qu'il leur
dirait «la même chose, c'est-à-dire qu'il y a eu beaucoup de versions».
Hervé de Charette a aussi déclaré que «ce témoignage est une «énième
version des événements tragiques qui ont conduit à la mort de ces moines
malheureux». «J'ai entendu : ce sont des conflits internes entre les civils et
les militaires algériens ; j'ai entendu : ce sont des règlements de comptes
menés par les services spéciaux algériens ; j'ai entendu : c'est une action du
GIA (Groupe islamique armé) - d'ailleurs c'était la version officielle - ; puis
on a dit : ah mais non, c'est une action du GIA mais menée par un groupe très
spécial conduit par un dénommé Zitouni, mais qui est manipulé par les autorités
algériennes». «Voici donc la quatrième ou cinquième version de ces faits. Moi
je m'en tiens à ce que je sais, à ce que j'ai pu voir, et pour le reste
malheureusement ça restera dans les mystères de l'Histoire», a dit l'ancien
ministre des Affaires étrangères. Et de conclure : «Je suis personnellement
porté à m'en tenir à la version la plus pratique, celle qui s'appuie sur des
faits, c'est-à-dire le GIA a revendiqué ces événements : il a demandé en
contrepartie des initiatives de la France, c'est-à-dire la libération
d'Algériens détenus, ce que nous n'avons pas fait. Il a menacé de les tuer et
quand ils ont été découverts, il a déclaré que c'était lui-même qui l'avait
fait. Donc c'est ça les faits, tout le reste, c'est des commentaires».
Sarkozy entre en scène
Le président français Nicolas Sarkozy, dont les journaux qui ont exploité
le témoignage du général Buchwalter lui sont proches, s'est saisi du sujet : il
a demandé mardi la «vérité» sur le massacre des moines de Tibehirine en Algérie
en 1996, et indiqué qu'il voulait la levée du secret défense sur tous les
documents demandés par la justice française.
«Je vous dis une chose, je veux la vérité. Les relations entre les grands
pays, elles s'établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge», a déclaré
le président français lors d'une conférence de presse. «J'indique de la façon
la plus claire que, naturellement, je lèverai le secret défense sur tout
document que nous demandera la justice. Il n'y a pas d'autres façons de faire
la vérité, aucune autre façon», a ajouté M. Sarkozy. «Ce sont des faits qui
remontent à 1996. La justice est saisie, la justice doit avoir tous les
documents», a insisté M. Sarkozy. «On ne peut pas dire que l'amitié entre les
peuples et entres les pays peut résister aux mensonges. Il faut faire la
lumière, il n'y a rien à cacher. En tout cas, de mon point de vue, je suis
vraiment déterminé à ce que la lumière soit faite», a-t-il conclu.
Pour sa part, sa ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, a promis
mardi «tous les moyens pour mener à bien» l'enquête sur le massacre des sept
moines de Tibehirine, annonçant des «investigations supplémentaires» après le
récent témoignage d'un général français.
Mme Alliot-Marie a affirmé que ce témoignage «apporte un élément nouveau
pour lequel de nouveaux éléments d'investigation supplémentaires auront lieu».
Les sept moines avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996
dans leur monastère isolé, Notre-Dame de l'Atlas, à Médéa. Un mois plus tard,
le chef des groupes islamistes armés, Djamel Zitouni, revendique l'enlèvement
des moines qu'il menace d'égorger. Il propose un échange contre des militants
du GIA. Le 30 avril, un émissaire du GIA se présente à l'ambassade de France à
Alger. Le 23 mai, le GIA annonce «avoir tranché la gorge» des otages en
justifiant ce massacre par le refus de négocier des autorités françaises.
En dépit de cette revendication, les partisans du «Qui tue qui ?» - et
ils sont nombreux - agitent de version en version. L'assassinat avait été
imputé «aux services secrets algériens, puis au GIA qui serait aux mains du
DRS, puis à un «émir» dissident du GIA qui a refusé le deal de la DST
française, ou l'inverse, à l'incompétence chronique des négociateurs français
ou encore à une exécution de sang-froid de Djamel Zitouni...». Toutes ces
thèses ont été maintes fois agitées.
Une procédure judiciaire avait été ouverte en 2003 en France. Six ans
après, la justice française trouve un témoin «clé» susceptible de lui livrer
«la vérité». Sans dévoiler l'identité de sa source pour des raisons de
sécurité, un général français atteste avoir recueilli les confidences d'un
«Monsieur X» qui attribue l'assassinat des moines à l'armée algérienne. Quelle
crédibilité peut-on accorder à ces «révélations» du général Buchwalter, bien
synchronisées avec la déferlante médiatique qui s'en est suivie ? Le général ne
cite aucune source militaire qui lui aurait dévoilé ce «secret» classé défense.
Ces voix peu crédibles se font les porte-voix de l'intolérable propagande du
«Qui tue qui ?», mettant en cause jusqu'à la paternité d'attentats pourtant
dûment revendiqués par les groupes terroristes, dont les communiqués ont été
authentifiés par des sources indiscutables. Féroce, non ?
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Posté Le : 08/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine L
Source : www.lequotidien-oran.com