Si l'Etat s'est enfin rendu compte que les 81.000 associations agréées par lui n'ont pas joué le rôle d'anti-émeutes qu'il leur attribuait, c'est que l'agrément ne le prévoyait pas et qu'à l'avenir toute naissance d'une association, version algérienne, devra s'accompagner d'une dotation en tenues bleues, vertes, ou léopard à défaut d'ordinateurs et de locaux. Il suffit de tomber d'accord sur le concept et de le faire admettre durablement. Au moins jusqu'à la prochaine réunion à Paris au sujet du projet méditerranéen de Sarkozy, où il sera question, entre autres, des modes de gouvernance et du rôle que doivent jouer ce que l'on appelle là-bas les ONG. Non gouvernementales par essence, et contrepoids dans l'équilibre des institutions qui sont, quant à elles, le véritable lieu par où l'assainissement doit commencer. «Nettoyer c'est bien, ne pas salir c'est mieux», dit l'adage. On se souvient encore de cet après-Octobre 88 où, pour faire passer à la démocratie ses premiers tests de grossesse, l'Etat souverain de l'époque avait autorisé pas moins de 60 partis politiques qui se sont avérés n'être que les tentacules d'un grand parti unique. Unique en son genre, cette particularité de la démocratie à l'algérienne nous a coûté 10 années de noire pénombre et une grisaille qui perdure dans la logique vestimentaire, y compris des gouvernants et dans la variété de carpettes sous le bras. Elle a pris entre-temps de l'âge et s'est transformée en commerces florissants lors des campagnes de sous-location électorale. Des fortunes se sont faites sur les routes parsemées de dos-d'âne, ce qui explique le recours aux dispositions prises concernant la révision du dysfonctionnement des partis politiques. Tardivement d'ailleurs et au moment où d'autres partis finissent par renoncer à leurs demandes d'agrément pour cause de fermeture de la boutique étatique. Aujourd'hui que l'on s'aperçoit des «dérives» du mouvement associatif quant à son implication aux côtés de l'Etat contre les émeutiers, que peut-on faire ? Premièrement, lui couper les vivres du Trésor public. Pourra-t-on le faire aussi pour les associations religieuses sans levée de boucliers et sans risque d'émeutes même manipulées au moment où il faut faire oublier quelques incendies ? Deuxièmement retirer les agréments aux associations qui ne présentent pas de bilan. Où est alors le bilan de l'Etat ? Troisièmement, mettre sous contrôle médical toutes les associations en faisant appel aux spécialistes de l'infiltration, à l'argent qui joueront le rôle de services de nettoiement. Ça ne marche pas car on a déjà essayé la recette. Solution ultime, transformer les associations en organisation de masses comme au bon vieux temps et les placer sous tutelle du parti politique le plus expérimenté en la question. Seule problème: l'assainissement n'a aucune garantie et il n'est pas sûr que les émeutes s'arrêtent.
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Posté Le : 16/06/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ahmed Saïfi Benziane
Source : www.lequotidien-oran.com