Algérie

Assainissement du foncier agricole à Boumerdès : Les agriculteurs dénoncent les lourdeurs bureaucratiques



Alors que les pouvoirs publics tablent, à juste titre, sur le développement de l'agriculture qui pour la première fois a supplanté les hydrocarbures en recettes, la wilaya de Boumerdès aux potentialités certaines peine à assainir le foncier agricole.En effet, des exploitants, qu'ils soient du secteur privé ou étatique, courent toujours après le fameux acte de propriété ou, à défaut, le contrat de bail. Pourtant, ces deux documents sont indispensables pour prétendre à un approvisionnement de leurs activités en matière de base.
Deux exemples nous édifient sur la situation qui prévaut dans un secteur encore à la recherche d'une stabilité structurelle et administrative avant d'être économique. Un paysan de Taourga a besoin de poussins pour son élevage de poules : «Pour m'en procurer dans le cadre de l'importation, j'ai besoin d'un agrément. Sauf que le notaire réclame un acte de propriété que je ne possède pas.
C'est la terre de mes ancêtres dont j'ai hérité d'une manière traditionnelle. Donc, je suis bloqué.» Même cas de figure à Chender, du côté de Naciria, où un exploitant d'une EAC nous a déclaré : «Nous sommes 5 membres d'une exploitation collective. Nous avons déposé des dossiers pour partager les 72 ha en 5 EAI. Depuis les années 90', nous attendons toujours une réponse.» Pourtant, l'instruction ministérielle n° 1808 du 05/12/2017 est claire sur la possibilité pour les agriculteurs à se porter propriétaires dans le cas où ils ouvrent droit ou locataires des terres qu'ils occupent.
Mais depuis cette date et jusqu'en 2019, la commission de wilaya a délibéré sur «1369 dossiers et émargé 5524 cahiers de charges», selon les chiffres de la direction de l'agriculture. Toutefois, pour Ali Merabet, président de la Chambre de l'agriculture, ces chiffres sont loin de traduire la réalité : «Seulement 20% des fellahs ont vu leur situation assainie et encore après un parcours du combattant. A titre d'exemple, plus de 1500 dossiers d'exploitations agricoles collectives sont bloqués au niveau des domaines.» En fait, les opérations de cadastrage ont donné lieu à beaucoup d'erreurs.
Deux voisins sont inégalement appréciés alors qu'ils ont le même profil professionnel. Notre interlocuteur cite les cas d'impositions sur des parcelles de terrain où les expropriations partielles ou totales n'ont pas été prises en compte. 808 cas sont concernés par ce problème. Les conséquences de ces situations ont influé négativement sur la structuration et l'organisation des travailleurs de la terre.
Les paysans, au nombre de 30 000 environ à travers la wilaya, ne sont pas tous adhérents au niveau de la Chambre qui en compte à peine la moitié. Ils n'ont pas droit aux crédits du FNDA dont seulement 3782 en ont bénéficié pour un montant global de plus de 130 millions de da en 2019. Ils n'ont pas droit à l'aide de 20% pour les engrais, pourcentage insignifiant puisqu'il est calculé sur un prix dépassé de 6000 DA auquel s'ajoute la déduction de la TVA (17%).
En réalité, l'aide n'est qu'à hauteur de 9% pour ceux qui parviennent à l'obtenir. En fait, la majorité des agriculteurs exercent au noir, faute de documents administratifs que les directions des Domaines et du Cadastre délivrent au compte-gouttes. Pour la petite information, la commission de wilaya n'a pas siégé depuis des mois. Le confinement n'est pas seul en cause.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)