Algérie

ASM Oran – Boualem Charef (Entraîneur)



«Une équipe démunie comme la nôtre dérangeait énormément !» Longtemps inaccessible aux médias -ceci pour des raisons qu’il nous a expliquées et que nous comprenons… même si nous ne les partageons pas- M. Boualem Charef, l’entraîneur de l’ASM Oran, nous a accordé un long entretien où tout (ou presque) ce qui touche le football algérien a été passé en revue. Se réclamant du Boumédiénisme pur et dur, maîtrisant parfaitement son sujet, répondant franchement à toutes les questions posées par nos confrères présents à ces débats (ou en aparté)… et n’ayant pas sa langue dans sa poche, il va sans dire qu’un numéro spécial n’aurait pas été de trop pour tout énumérer. Aussi, pour notre part, nous nous contenterons, ici, de ne parler que du bilan qu’il fait sur le parcours de son club et sur les embûches qu’a connu celui-ci. Voici ce qu’il en est ressorti : - Au plan disciplinaire, nous avons remarqué, M. Boualem Charef, que jamais l’ASMO n’a autant été sanctionnée que cette saison. Il ne se passe pas une journée sans que deux, trois ou quatre joueurs ne soient avertis, sinon expulsés. Vous-même en êtes à votre troisième ou quatrième expulsion. Comment l’expliquez-vous ? - Reconnaissez que nos «malheurs» avec les arbitres n’ont commencé qu’après que, l’ASMO se soit placée très haut dans le classement. - Que voulez-vous dire par là ? - Cette équipe montée de bric et de broc, puisque composée de jeunes joueurs inconnus au bataillon, dérangeait l’ordre établi par les «pontes» de notre football. Et il fallait l’abattre à tout prix. Alors ont commencé les suspensions de joueurs et les magouilles en coulisses, comme celles qui ont conduit au huis clos, juste avant les venues du RC Kouba et du Paradou AC. Je vous jure que, dernièrement, un arbitre que j’ai eu autrefois comme élève en tant que footballeur, et qui nous a officié en coupe d’Algérie, m’a avoué, trois semaines plus tard et au gré d’une rencontre fortuite, que carte blanche -pour ne pas dire ordre- lui avait été donnée par ses supérieurs pour qu’il s’en donne à cœur joie contre mon équipe et moi. C’est-à-dire qu’il sorte le maximum de cartons possibles ! - Mais pourquoi n’avez-vous pas prémuni vos joueurs contre cet état de fait ? Ne pensez-vous pas, au contraire, qu’en vous voyant, vous-même et l’ensemble du banc de touche asémiste, gesticuler, râler, pester contre les officiels, n’influe négativement sur le mental de vos jeunes protégés ? - Pour répondre à la première partie de votre question, croyez bien que nous n’arrêtons pas de sensibiliser nos jeunes sur les agissements néfastes de certains arbitres ! Mais comment voulez-vous que des joueurs qui vivent l’enfer à chacune de leur sortie et qui subissent une véritable «hogra» à Oran-même de la part des arbitres, ne se révoltent pas, malgré toutes nos mises en garde ? Comment voulez-vous que, de mon côté, je reste de marbre en voyant mes poulains se faire «dépouiller» injustement des efforts qu’ils ont consentis toute la semaine aux entraînements ? Comment puis-je ne pas exploser à mon tour quand, par exemple, nous constatons, les dirigeants, mon adjoint et moi, que notre équipe a comptabilisé sept matchs consécutifs au cours desquels, à chaque fois, un de nos éléments a été systématiquement expulsé ? Comment se retenir quand nous constatons que nos joueurs qui sont très techniques et très offensifs et qui sont donc très souvent balancés ou retenus dans la surface de réparation, n’ont à ce jour bénéficié que de deux penalties seulement ? Tout ceci en plus des pressions morales qu’ils subissent. - Soyez plus explicite sur le sujet, s’il vous plaît ? - Dans certains stades, pour ne pas dire tous les stades de l’extérieur, nos joueurs sont pris à partie dès leur arrivée, parfois, même, par le service d’ordre local, comme cela s’est passé à Biskra où un de nos poulains a été molesté par un officier de police. Inutile de préciser que dans un tel climat d’hostilité, les arbitres font preuve d’une partialité flagrante en faveur de l’équipe locale. A Oran, par contre, les arbitres et l’équipe adverse sont super-protégés par le service d’ordre. Ce qui autorise les referees à trop souvent nous léser en toute impunité… Nos jeunes ressentent l’injustice qui s’installe même dans leur propre demeure, d’où leurs réactions de révolte... qu’attendaient justement pour les sanctionner, ceux qui sont sensés les protéger ! - Donc, pour vous, tout cela n’est qu’un vaste complot tramé dans les coulisses. Mais pourquoi ? - Parce que, et comme je vous l’ai dit un peu plus haut, des équipes comme l’ASMO, et des entraîneurs comme Boualem Charef, dérangent le système établi. Un système où seul l’argent prime. Il est inconcevable pour ceux qui l’ont instauré qu’une équipe composée de jeunes inconnus au bataillon dame le pion à d’autres, bâties, elles, à coup de milliards ! Qu’ont donc à gagner certains corrompus du football avec une équipe qui, justement, ne corrompt personne ? Je vous avouerais qu’il y a dans notre corporation des entraîneurs qui ne sont embauchés que parce qu’ils sont très bien introduits dans les méandres pourries de notre football. Ils sont recrutés non pas pour leur savoir-faire mais tout simplement par leur faculté à servir d’intermédiaires entre leurs clubs employeurs et ceux qui œuvrent dans l’ombre, les mêmes qui font accéder les équipes qui payent rubis sur ongle. L’ASMO et Boualem Charef ne font partie de ceux-là ! L’ASMO, depuis de très longues années, et Boualem Charef (et d’autres avant lui), rendent service au pays en faisant émerger des joueurs tels que Boumechra, Boualem, Kastali, El-Ghoul, Kaïd Ameur, Sirat, Khadir, Mohammedi, Lessoued, pour ne citer que ceux-là, et si, bien entendu, tout le mérite leur revient d’abord. - Le football étant, hélas, ce qu’il est chez nous ne pensez-vous pas que l’équipe dirigeante actuelle aurait dû compter avec les coulisses et, c’est malheureux de le dire, se mettre au diapason? Un dicton bien de chez nous, ne dit-il pas d’ailleurs : «Dir kima jarek ouella haouel bab darek»… - Moi je dirais que Boualem Charef «ma ibedelche bab dareh» ! Au contraire, il se battra contre ces gens-là jusqu’au bout de ses forces. Contrairement à ce que disent les responsables de notre football, la corruption et les magouilles existent dans notre football. Ne pas le reconnaitre nous conduira davantage à la catastrophe ! - A propos de magouilles, beaucoup de supporteurs asémistes sont convaincus que les dirigeants de l’ASMO ont «vendu» le match à l’USMH. Qu’avez-vous à leur répondre ? - Jamais, au grand jamais, je n’aurais accepté de verser dans une telle combine ! Des pratiques que je condamne, que je répugne et que je combats au plus profond de moi-même ! Je dirais plutôt que ces rumeurs qui circulaient d’ailleurs bien avant la rencontre, ont été savamment orchestrées pour permettre aux coulisses d’œuvrer sans encombre. Elles ont été concoctées pour conditionner par avance le public oranais à une défaite… tramée en coulisses. Sinon expliquez-moi pourquoi le trio qui nous avait arbitrés à El-Harrach a été redésigné au match retour ? Du jamais vu ! Tous les présents ont vu que nous avions un penalty dès l’entame du match, pourquoi nous a-t-il été refusé ? Dites-moi pourquoi Benaboura a été prestement expulsé… Voilà, en grande partie, les vraies raisons de notre défaite face à l’USMH ! - Nous partageons presque tout ce que vous nous avez avancé pour justifier le fléchissement de l’ASMO. Avouez quand même que vous avez une assez bonne part de responsabilité dans les déboires -du moins techniques- d’El-Djemîia. C’est ainsi que beaucoup de fans des «Verts et blancs» ne comprennent pas, par exemple, pourquoi vous avez voulu jouer sur les deux tableaux, c’est à dire coupe et championnat avec un effectif qui, déjà, n’était pas pléthorique, au risque de perdre un élément-clé tel que Boumechra contre le Widad de Tissemsilt, un adversaire loin d’être un foudre de guerre et, de surcroît, en trente-deuxièmes de finale. Jouer avec l’équipe-type aurait été mieux compris si ça avait été trois ou quatre tours plus en avant… Et vos détracteurs n’ont pas totalement tort quand on saura que depuis l’absence de Samir, l’ASMO n’a récolté que dix petits points en onze matchs, dont neuf contre des équipes du bas du tableau que sont le MO Béjaïa, le MO Constantine et le NARB Réghaïa… - D’abord, il faut savoir que nous avions choisi de favoriser la dynamique de groupe. Tous les joueurs, dont Boumechra, voulaient jouer ce match. Hélas, pour Salim un mauvais coup l’a éloigné des terrains, comme il aurait pu l’être par autre chose. Néanmoins, pour moi, la blessure de Salim n’est pas le seul coup du sort ayant freiné l’ASMO après la trêve. Le manque de finances nous a interdit de recruter au mercato. Une opération à laquelle je tenais car n’oublions pas qu’en plus de Boumechra, l’ASMO avait perdu, également sur blessures, Aoued, Boualem, Lassoued, pour ne citer que ceux là, et Aïdel parti sous d’autres cieux. En plus, les militaires ont été plusieurs fois empêchés de jouer avec nous. Ce qui au bout du compte a fait que l’ASMO a vu sa force de frappe largement écornée à l’orée de la phase retour… alors que ses concurrents s’étaient sérieusement renforcés. Et comme, en outre, c’est à partir de là que débute le sombre travail des coulisses… - En toute franchise, M. Boualem, ne croyez-vous pas que le comité de l’ASMO que nous savons peu fortuné (financièrement parlant), aurait dû ouvrir les portes du club à des gens qui pouvaient apporter un plus, au lieu de tirer la couverture des bons résultats à eux ? Ils auraient dû savoir que sans argent ils ne tiendraient pas longtemps la route… - Sans entrer dans des détails qui, d’ailleurs, ne me regardent pas, je dirais que ce comité est animé d’une grande volonté. Ce sont des gens qui aiment leur club et qui font en toute honnêteté avec ce qu’ils ont. D’ailleurs, les joueurs, mes adjoints et moi-même avons un immense plaisir à travailler avec eux. Remarquez comment, et ce, même si nous n’avons reçu qu’une petite partie de nos dus, nous sommes tous présents aux entraînements. Je puis vous affirmer que nous nous battrons avec nos trippes jusqu’à la fin de la saison. Regardez comment tous les joueurs, anciens et nouveaux, sont fiers de porter les couleurs de l’ASMO et font bloc à chaque coup dur. Il faut dire que les responsables de l’ASMO n’ont pas été aidés, ni par les autorités locales, ni par l’entourage du club. Je ne comprends pas pourquoi les subventions sont invariablement bloquées… Je sais pertinemment que l’ASMO a ses hommes mais je me demande pourquoi ils hésitent à lui apporter leur aide. - Qu’avez-vous de bien précis à dire aux supporteurs asémistes ? - Qu’ils s’unissent autour de leur association. Je ne vous cache pas que j’ai été déçu de constater que contre le Paradou, en coupe, les supporteurs de ce dernier -un club pourtant sans assise populaire- étaient plus nombreux que les nôtres à Chlef... Je leur dirai aussi de ne pas prendre pour argent comptant ce qui est rapporté dans une certaine presse. Une presse dont certains journalistes sont monnayés par ceux qui veulent voir l’ASMO disparaitre à tout jamais. N. Benfreha


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