Algérie

«ASFOURI», DE FOUAD ALAYWAN Mémoire de pierre



«ASFOURI», DE FOUAD ALAYWAN Mémoire de pierre
Le long-métrage Asfouri, du Libanais Fouad Alaywan, projeté avant-hier en compétition longs-métrages du Festival d'Oran du film arabe (Fofa) -qui devait prendre fin hier avant l'annonce des lauréats de cette 7e édition dans différentes sections (longs-métrages, courts-métrages, documentaires, Prix de la presse)-, replonge dans l'enfer de la guerre civile du Liban, et voyage entre deux temps : 1975 -l'année où tout a basculé-, et 1995, période d'après-guerre où le pays, en reconstruction, fait face à différents défis. Et c'est là qu'entre en scène un immeuble qui résiste ; il est le personnage principal du film et symbolise le Liban tout entier.Un pays où la vie reprend ses droits, en 1995, mais un pays qui doit faire face au défi de la modernité. Asfouri (qui est un patois où on intègre la lettre Z à chaque syllabe) commence donc en 1975, avec une séquence où le réalisateur filme les balcons d'un immeuble qui grouille de vie : les femmes bavardent, les enfants jouent, font les garnements, la vie est belle... les gens vivent solidaires et en communauté. Cette perfection est rompue par le début de la guerre civile qui incite certains au départ ou à l'exil, et d'autres à rester et à vivre dans la peur, parce qu'ils n'ont pas d'autre choix. L'immeuble, à l'image du pays, se fissure, se délabre, mais ne tombe pas. Il est un témoin ; il est le seul lien entre le passé et le présent, même si son avenir est incertain, car il ne s'écroule pas, mais le temps a fait des ravages sur lui. Inévitablement, il se transforme lorsqu'on l'aperçoit vingt ans plus tard, en 1995 précisément, lorsque la guerre se termine. À cette période, Karim Bahlawan, alias Kaki, retourne dans son pays, et dans son immeuble, après un séjour de dix ans aux Etats-Unis. Il retrouve un Liban qui change, un Liban en mutation, un Liban qui vit le jour et la nuit, mais qui perd ses valeurs et ses liens de solidarité. En effet, Karim découvre une société qui s'individualise, des individus qui se tournent vers eux-mêmes, des élus qui détruisent les vieilles bâtisses pour construire des centres commerciaux, des gratte-ciels. La modernité est comme un virus qui ravage tout sur son passage, et les habitants de la vieille bâtisse, dont la famille de Karim depuis au moins deux générations, n'échappent pas à ce changement. Karim prend sa caméra et filme son pays et sa transformation. Il est un témoin/acteur qui essaie de renouer avec son pays et de prendre de la distance avec ce qui s'y déroule. Mais le temps perdu est impossible à rattraper. L'entourage de Karim assiste impuissant à un monde qui change ; et malgré ses efforts à lui, il doit se rendre à l'évidence : le changement est inévitable, restaurer et retaper le vieil immeuble ne dépend pas de lui uniquement, parce qu'il y aura toujours des réfractaires, des récalcitrants ou carrément des opposants. Alors c'est le statu quo. Cela ne rappelle-t-il pas le malaise arabe '
S. K.
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