Arzew martyrisée

Arzew a été secouée par des émeutes. Des bandes de jeunes chômeurs sortent dans la rue. Ils bloquent les routes et brûlent des pneus. Longtemps confinée aux villes du centre du pays, en particulier la Kabylie, la culture de l'émeute a donc fini par gagner la capitale des hydrocarbures de l'Ouest Algérien. Entre apathie et révolte, Arzew hésite. Les gens de sa région sont par nature pacifiques. Mais les jeunes sentent bien la crainte qu'ils inspirent aux autorités locales. Les gouvernants ne pourront pas se contenter de quelques gestes avec l'espoir d'éteindre les incendies ici et là. Arzew souffre du même problème que l'Algérie : elle n'est tout simplement pas gérée. Difficile d'imaginer, quand on arrive à Arzew, que cette agglomération appartient à une région des plus riches d'Algérie. Ville de garnison et ville-dortoir, ce chef-lieu de Daïra ne paye pas de mine. En dépit des palmiers qui ornent ses avenues, Arzew fait peine à voir : routes défoncées, ordures disséminées, flaques d'eau boueuses. Attachés à leur localité malgré des conditions de vie difficile, ses gens souffrent d'offrir un tel spectacle. Le sein nourricier du pays, c'est nous ! Comment peut-on nous laisser dans cet état ' Arzew se considère comme la capitale des hydrocarbures du nord algérien. A vrai dire, la mauvaise gestion et l'absence de contrôle est un sentiment largement partagé dans la ville. Pourtant, plusieurs chantiers sont en cours, mais malheureusement les habitants d'Arzew ne n'en bénéficient pas. A Arzew, la frustration est générale. La population s'estime oubliée du pouvoir central et injustement traitée. Aujourd'hui, la ville d'Arzew compte tant d'habitants qu'une grande métropole Algérienne. Ce n'est pas l'Europe qui fait rêver les habitants d'Arzew, mais la zone industrielle et ses pétrodollars. Bien que la vie y soit extrêmement dure, chacun rêve d'y faire fortune. Et qu'il faille disposer d'un permis pour entrer dans cette zone sous haute surveillance ne fait que renforcer la frustration ambiante.