Algérie

Arts plastiques : Mizo chez Brokk'Art


On dit souvent qu'il y a toujours quelque chose de suspect à mettre des choses sous le tapis. Les anglais disent cela comme ça « Sweep under the rug», au jugé et aux regards, l'ambiance est studieuse, les couleurs vives et les formes étranges au 98, point de tapis qui cache des secrets inavouables, mais dans le subversif acidulé, Mizo s'y connait quand-même un peu !L'exposition tire à sa fin -qui était prévue pour le 7 mars dernier- mais qui s'est étirée dans un allant tout méditerranéen, eu égard aux beaux jours qui ont pointé quelques dards ensoleillés sur cet Alger limpide. Il s'agit bien de Mizo, photographe de mode et de belles choses, plasticien, qui rejoint par la porte de la subversion, les voies impénétrables des arts plastiques. Mizo rapplique toujours avec quelques notes nouvelles. S'il n'apporte pas de couleurs dans son escarcelle, il se balade toujours avec des éléments artistiques novateurs. Etait-il alors étonnant qu'il prenne ses marques pendant quelques temps chez la princesse des couleurs originelles, Princess Zazou qui, après avoir épuisé les fondements esthétiques ironiques dédiés à l'Agence Bergson & Jung, se lance depuis quelques précieuses semaines à « Brokk'Art », une formulation plastique qui prend à bras le corps toutes nos images fétiches pour les basculer sur une grammaire hautement colorée qui emplit aujourd'hui tout un concept store de dessous de plats, fauteuils, coussins, couffins, « murs », formes diverses formulées dans notre conscient visuel sur des « souvenirs » extirpés de notre inconscient collectif. Pour Mizo l'équation est simple, il fait la monstration d'une série de portraits de femmes, subversives, acides, ironiques, vénéneuses. Et pourtant si séductrices, des photos immenses, un travail au scalpel sur une mise en abyme de modèles superbement sublimés, des éléments ironiques, contradictoires, des femmes très belles...des scènes de crimes suggérées ici, là-bas une créature au « kardoun » trop long, l'ici et l'ailleurs incarné dans de belles scènes de genre. Des femmes altières, trop belles pour être super clean, elles ont toutes quelque chose à cacher sous les étoffes qui servent de tapis sous leur pieds, c'est délicieusement une attitude interlope.La peinture, les vernis ou des « mixture » étranges faisant le reste, décidément ce Mizo n'est pas qu'un jeune artiste trop beau ni trop farouche, c'est un artiste qui compte dans la nouvelle scène artistique algérienne, une nouvelle scène dont fait partie « Jeune et riche algérien », Princess Zazou et quelque autres « dandys » de l'art des années 2000. De jeunes artistes qui font de l'esthétique d'aujourd'hui une nouvelle donne aux productions étonnement belles, la dernière action entreprise dans la vieille médina est aussi un hommage mémoriel et artistique du plus bel effet. La visite sur « Brokk'Art » est édifiante, notamment du fait qu'il ne se passe pas un jour dans cet « Antre » de la beauté où il n'y a pas une visite européenne, marocaine, tunisienne qui ne fasse l'objet de discussion dans ce repaire d'artistes qui ont des choses à dire et à produire. « Brokk'Art » est en autonomie complète et c'est loin d'être facile, d'où la possibilité offerte aux mécènes de se rendre utile dans le concept-store histoire de faciliter quelque peu aux premiers mécènes du lieu. En attendant, Mizo et les autres nous enchantent le regard dans ce lieu qui ne tardera pas à être mythique, l'endroit est ouvert au deuxième étage du 98 rue Didouche Mourad. Un café vous y attendra, face à de belles images et à des objets issus des créations fulgurantes de Princess Zazou et de sa gouaille savoureuse.
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