Algérie

Arts plastiques : le marché de l'art en discussions



Depuis le 5 mai 2018, les choses vont bon train contre vents et marées pour un débat autour du marché de l'art dans toute sa substance vitale. Il est donc question de choses structurelles qui vont être montrées, débattues, en cours des discussions et des débats.Du 5 au 12 mai 2018, le palais de la culture Moufdi Zakaria a été le superbe réceptacle d'une immense exposition qui a regroupé quelques 130 artistes plasticiens algériens en sculpture et peinture, en rajoutant à cela quelques 45 artistes connus et reconnus représentés par des galeries, le tout sur plus de 500 artistes ou assimilés qui ont envoyé des travaux d'égales ou d'inégales valeurs. Tout cela avec aussi un hommage modeste à Arezki Zerarti, Souhila Belbahar, Mustapha Adane.
Dans ce 1er «Printemps des Arts»», le choix a été primordial pour sélectionner la fine fleur des arts plastiques algériens sur tout le territoire algérien, et même, comme voulu, les artistes de la diaspora dans une immense exposition où plus de deux mille mètres carrés ont été offerts aux artistes pour exprimer leur talent dans un monstration qui est fondamentalement la première du genre. Une commission de sélection et d'organisation mise en place était constituée d'experts du milieu artistique, comme Mme Dalila Orfali, directrice du Musée National des Beaux-arts du Hamma, Mme Nadira Laggoune, directrice du Mama d'Alger, Myriam Aït El-Hara, directrice du département des arts visuels de l'AARC, ainsi que du sieur Azzedine Antri, directeur du Palais de la Culture Moufdi Zakaria, et Lyès Khelifati, galeriste, en compagnie de critiques d'arts et spécialistes en management culturel. Il fallait aussi compter sur une participation effective des cadres du ministère algérien de la culture chapeauté, par monsieur Oulebsir, secrétaire général dudit ministère.
Au début, un ministre nommé Mihoubi, sensible à la chose artistique, des partages d'avis informels mais non dénués de sens, et ensuite une volonté de créer les prémices d'un marché de l'art, créer des structures efficientes de création, de diffusion, d'achats d'?uvres à large échelle, d'exportation des artistes, d'instances de légitimation comme les musées, les galeries, les acheteurs, les opérateurs culturels, les antiquaires... tous ces éléments importants d'une chaîne de transmission qui ne doit laisser aucun élément disparate ni seul dans le principe systémique de l'élaboration d'un système d'intelligence collective. Il s'agit aujourd'hui d'une manière impérative de créer l'environnement adéquat à l'émergence d'un réel marché de l'art, dans toute sa logique structurelle.
L'espace de monstration sis au Palais de la Culture «Moufdi Zakaria» a réuni un panel très exhaustif de la scène picturale algérienne, même s'il n'est pas complet, beaucoup n'ont pas été retenus, d'autres ont refusé de participer, certains ont préféré la polémique surréaliste, en faisant fi de la souveraineté et de la rigueur de la sélection qui a été très professionnelle.
Et d'autres... et d'autres qui ont fabuleusement crée le précédent, faute d'une communication efficiente du ministère et des chargés de com. Mais le résultat est là, en fait, il est constitué de près de cinq cent travaux avec une visibilité de ce qui se fait sur tout le territoire algérien. Quoique l'on dise, quoique que l'on fasse, des galeries ont exposé leurs artistes (Thevest, Seen-Art, Sirius, El Yasmine, Ghedjati du mall de Sétif) même si elles ne représentent pas «toutes» les galeries qui activent en Algérie et même ailleurs comme Aïda Galerie, Les Ateliers Bouffée d'Art, les galeries institutionnelles comme Racim, Asselah, grandes absentes de cette exposition, aussi bien d'autres qui auraient gagné à apparaître. Sans nul doute, il est impossible de faire l'unanimité dans une action du genre, mais il reste primordial que les espaces professionnels et semi-professionnels fassent le travail de prospection et d'encouragement des artistes pour les montrer dans les meilleures conditions possible.
Il faut dire aussi la grande carence de la communication interne au Printemps, les artistes ne savaient point à qui s'adresser pour n'importe quelle information pratique, la dernière journée a été quelque-peu chaotique pour les décharges d'artistes, un commissaire délégué ou un coordinateur n'aurait pas été de trop dans l'évènement pour être une interface utile et efficient.
Le principal et le plus important est qu'en fait pour un premier acte, le résultat est probant, la sanction du public face à l'offre proposée et aux acheteurs fera le reste, pour que la chaîne des transmissions se fasse sous les meilleurs auspices qui soient. Une journée d'étude et d'information a été proposée aux spécialistes, le 10 mai dernier autour de huit point très intéressants, modérée en matinée par Jaoudet Gassouma et en après-midi par Hellal Zoubir.
Les questions du marché de l'art et de la pensée systémique qui l'entoure a donné lieu à plusieurs interventions pertinentes comme celles des sieurs Mohamed Bakli, écrivain, plasticien, qui a évoqué la condition de l'artiste, de sa mobilité ici et ailleurs, ainsi que monsieur Noureddine Belhachemi, plasticien, chercheur en Art, pour un très bon topo sur la commission d'achat du Musée Zabana. Abdelkader Bendamèche, pour l'aspect social, reconnaissance statut social de l'artiste, la carte d'artiste et ses implications passées et futures.
On aura aussi noté l'excellente présentation de monsieur Mustapha Orif concernant les relations entre acheteurs et artistes, le marché de l'art et ses règles fondamentales, sur ces biens sensibles que sont les ?uvres d'art, suivi par Fayçal Dehimi qui a représenté le ministère de la justice en évoquant toutes les règles et les fondements de ce qui constitue en globalité et dans le détail la notion de vente au enchères.
L'après-midi a été consacré aux représentants du ministère de l'intérieur, Monsieur Ameur, pour tout ce qui est de la fiscalité, revenus imposables etc. ..ainsi que celui des douanes très, très discuté et très efficace aussi concernant la circulation des artistes et des ?uvres dans le contexte abrupt douanier algérien. Monsieur Racim Mehdaoui a prêté le flanc avec générosité face à l'emphase des artistes intervenants.
Les animateurs du collectif «El Meddreb», notamment Melle Ouardia Hammadi qui a été très pertinente concernant les espaces alternatifs, friches et autres pour de nouvelles attitudes urbaines qui intègrent l'art dans la nouvelle sociologie urbaine. La muséologie a eu aussi sa part d'information sur l'excellente intervention de monsieur Meshoub, ex directeur du Musée Zabana qui a donné quelques éclairages intéressants sur la gestion dudit musée.
La critique d'art n'a pas été en reste avec la journaliste Hind Oufriha pour la critique d'art et des doutes inhérents à son existence effective pour la promotion du sujet culturel. L'intervention globale sur l'enseignement, le regard artistique, la notion de marché et d'éthique artistique a été magistralement lue par le plasticien professeur aux beaux-arts d'Alger, Djamel Larouk. Les galeries ont eu aussi la part belle avec le gérant de la Galerie El-Yasmine.
Pour ce qui a été aussi de la présence des autorités territoriales du ministère de l'intérieur, citons Madame Hamraoui, et les représentants du maire d'Alger, monsieur Bettache. Il y a eu un topo des réalisations faites par cet édile et son équipe, le moins que l'on puisse dire et que l'aspect probant concernant les arts mérite le détour !
En somme, cette journée est fondamentalement intéressante, elle va donner lieu à des actes scellés dans la pierre blanche avec en principe des assises complètes sur le marché de l'art pour soumission aux hautes autorités du pays qui se doivent de confirmer et d'entériner ce principe pourtant simple, que l'art, la culture sont des leviers économiques de première importance. 2,5 milliards de bénéfices juste pour le film «Black Panthers», des millions d'Euros ou de Dollars pour un Picasso ou un Van Gogh, des valeurs refuges investies dans la chose artistique.
Cela peut se faire ici bas avec une intelligence collective, la mutualisation des efforts de chaque secteur...et le «vivre ensemble» pour collaborer et regarder dans la même direction, un v?ux-pieux. Pas du tout !, plutôt une réalité tangible à construire avec la volonté politique et avec les moyens qui vont avec ! Ce sera donc une exposition très complète, qui du 5 mai au 12 du mois a donné une occasion rare pour ce niveau de présentation (une mention spéciale pour Exposign qui a réalisé une scénographie très professionnelle) pour le public de se régaler d'une production artistique éloquente qui a été offerte aux puristes, et aussi pour ceux qui ne voulaient que de la couleur pour tout horizon, avec le prix qu'elle mérite l'invitation est lancée pour de prochaines éditions si la volonté politique y est et si les artistes et les acheteurs jouent le jeu.
Exposition-vente, «Printemp des Arts», sous l'égide du ministère algérien de la culture, du 5 au 12 mai 2018, Palais de la Culture Moufdi Zakaria, journée d'information sur le marché de l'Art, le jeudi 10 mai 2018.


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