Face à la cherté de la matière première et à l’absence d’encouragement de la part des fondés de pouvoir, c’est tout un art ancestral qui est menacé de disparition, à l’exemple du métier de tisserand, avec l’illustre tapis des Haracta.
La wilaya d’Oum El Bouaghi se distinguait dans le passé par le tissage. Le fameux tapis des Haracta, dont la famille des Ouled Hamla détenait jalousement la formule secrète de sa confection, n’est plus ce qu’il était autrefois.
Les raisons de ce recul sont multiples.
Un ancien artisan tapissier nous a récemment confié que la cherté de la matière première en est la principale. Effectivement, le prix de la laine s’est envolé et avec lui le coût des opérations de lavage, de cardage et de teinture.
D’autre part, la relève de la main-d’oeuvre qualifiée ne s’est pas faite au sein de la famille en question.
Selon Hadj Saddek, un ancien «reggame», maître tisserand, connaisseur émérite des motifs propres au tapis des Haracta, «au prix où en est la laine et le coût de la main d’oeuvre, il n’est plus possible de se consacrer à la confection du tapis, sans compter que la réalisation d’un tapis de trois mètres sur deux nécessite au mois trois mois».
Dans le temps, il y avait une unité locale de tapis à Aïn Beïda, ainsi qu’une unité de la société nationale de l’artisanat traditionnel (SNAT), spécialisées dans la fourniture en produits finis pour les tisserands, mais toutes les deux ont fermé leurs portes et du coup, le métier d’artisan en a pâti irrémédiablement.
D’autres métiers de l’artisanat, à l’instar de la sellerie et bourrellerie, spécialités de la ville de Aïn M’Lila, connaissent un dépérissement certain.
Que dire de la bijouterie traditionnelle dont la matière première est l’argent et le cuivre?
Ce métier aussi n’a plus cours: détrôné par la bijouterie moderne!
Les artisans bijoutiers ont troqué leurs outils de travail contre une scintillante vitrine où sont exposé des bijoux d’industrie en or dans leurs écrins.
Le seul métier d’artisanat dont la pérennité est encore assurée dans la région est la poterie traditionnelle. On continue vaille que vaille à fabriquer le fameux tadjine pour la cuisson de la galette maison.
Par ailleurs, il faut dire que le ministère du Tourisme et de l’Artisanat a essayé de relancer ces métiers ancestraux avec la création de maisons et d’ateliers de l’artisanat dans la région. C’est ainsi que plusieurs projets ont pris forme, mais sans pour autant être opérationnels. C’est le cas de la maison de l’artisanat de Aïn Beïda.
Ce projet d’envergure se propose de réhabiliter le secteur avec la promotion des métiers traditionnels, comme, entre autres, le tapis, le «henbel», la «melehfa», la bijouterie et la sellerie.
D’autre part, il existe des centres de formation professionnelle pour les jeunes désireux de faire renaître ce patrimoine inestimable, car il est plus qu’urgent de le faire avant qu’il ne disparaisse à jamais.
Baâziz Lazhar
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 13/09/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Baâziz Lazhar
Source : El Watan.com du jeudi 12 septembre 2013