Art contemporain «Semelles de vent»

Performance ? La particularité du plasticien Amor Driss Lamine Dokman est son inspiration artistique débordante. Renouveler à chaque fois les techniques artistiques est une gageure permanente.A l'Institut culturel français d'Alger il présente, jusqu'au 27 mai prochain, «une installation» intitulée «Semelles de vent», concept d'art contemporain s'adaptant au lieu et à l'espace. L'idée originale vient du responsable de l'Institut culturel français d'Alger, qu'il propose à l'artiste.L'approche particulière enchante ce dernier et devient une exposition de chaussures de sport au label international. L'expression créative de «l'installation» a trouvé ses marques de par le monde de l'univers artistique.Adaptée au concept commercial, elle a fait du chemin. Ce qui fait dire à Dokman : «La notion d'adaptation artistique à une demande commerciale n'est pas nouvelle, elle remonte à loin.»Les paires de chaussures de couleur tendance occupent et s'adaptent à l'espace d'exposition dans une conception centrale avec l'effet de «marche» sur un support interprétant le bitume. Trois gigantesques semelles, parties résistantes sur lesquelles s'appuie le pied et qui sont le support en contact avec le sol sont suspendues au plafond. Elles suggèrent l'effet de bien-être du marcheur dans ses chaussures. Elles viennent en quelque sorte expliquer leur usage dans la conception de cet agencement d'expression artistique : «Elles sont la partie essentielle sur laquelle s'appuie le pied et qui sont en contact permanent au cours de la marche avec le sol. Ayant choisi de travailler la marque de baskets «Glagla», chaussures hyperventilées, c'est s'associer à la semaine de la mode organisée par l'Institut culturel français d'Alger et laisser mon imagination s'approprier le thème», explique-t-il. «L'installation» devient spectacle, et c'est cela le but recherché, dès lors que les parois de la salle sont habillées de silhouettes en relief adoptant les différentes attitudes du «chaussé». Il y a une recherche dans le mouvement et la mobilité des représentations des corps : «On peut y déceler la danse, le rêve, la confirmation, la métamorphose...», souligne-t-il. Le plasticien d'une forte personnalité, fonceur, avoue «aimer le défi et les idées qui sortent de l'ordinaire». L'exposition «métamorphoses» qui s'est déroulée également à l'Institut culturel français d'Alger, a été aussi un challenge pour lui et une belle découverte pour le public. Devant un amas de cravates proposées à la vente, il n'a pas hésité à les acquérir et utiliser cet accessoire dans ses toiles pour en faire des ?uvres. Cela dit, l'imaginaire associé au non- conformisme joue un rôle primordial dans la création de Dokman qui peut, en une année et selon les opportunités, exposer au moins 6 fois par an.Amor Driss Lamine Dokman, qui a laissé l'enseignement pour vivre de son art, est un grand révolté, un passionné quand il s'agit de la protection et de la promotion de la culture de l'art en Algérie. Son parcours est balisé d'expos individuelles, collectives, de réalisations plurielles allant des fresques murales, à la réalisation de logos et d'affiches, en passant par les collections de vêtements de mode. On lui doit l'initiative du Salon d'automne du palais de la Culture avec Mme Bouchentouf. L'Espace-galerie organisé pour la première fois en 2008, est devenu une référence et un rendez-vous annuel incontournable pour les jeunes artistes. Rappelons que «Semelles de vent» a été lancée dans le cadre de la semaine de la mode organisée par l'Institut culturel français d'Alger.