Algérie

Ars gratia artis Hommage. Le possible personnage



Ars gratia artis                                    Hommage. Le possible personnage
Le cinéaste Ahmed Zir à la mémoire de Rachid Farès.
Ars gratia artis, cette fameuse locution latine qui signifie «L'art pour l'art», est la devise de l'une des plus célèbres majors du cinéma américain. Le rugissement du lion nous la rappelle à chaque projection d'un de ses nombreux films. Elle nous a fait penser à l'acteur qui, lui, est gratifié pour sa performance et son enseignement, avec un standing voulu par une société qui croit en l'Art et apprécie la joie que lui procure le jeu captivant d'un acteur dans un film ou au théâtre.
Pour déceler le jeu de l'acteur Rachid Farès, il faut voir ou revoir un court-métrage de notre ami Yahia Mouzahem qui a eu le bonheur de le diriger (tout en lâchant du lest sûrement !). Car Rachid n'acceptait pas le carcan d'un réalisateur évacuant le partage des idées, ni les dialogues stricts et sans imagination. Il faut le voir dans un téléfilm, diffusé sur Canal-Algérie la veille-même de sa mort prématurée (!), face à Larbi Zekkal, notre Charlton Heston, jouer avec joie et librement. C'est une rareté que l'on aimerait trouver dans nos films avec les actrices et acteurs que l'on aime, d'Algérie et du monde entier.
Parce qu'ils nous font rêver durant les moments fugaces d'un film, les acteurs nous font oublier la réalité qui, elle, n'est pas un film mais un approchant, par son déroulement illogique au fond.
Une certaine nonchalance dans la démarche, appuyée par un petit plus presque joué (il avait le cinéma dans le sang), attire l'attention de celui qui aborde Rachid pour la première fois, ce possible personnage de tous les films. Il était notre Choukri Sarhan. Il avait l'air boudeur de Lee J. Cobb, grand acteur du cinéma américain qu'il adorait et surtout les westerns et films de gangsters. Sans oublier les grands classiques russes, les bons films français (ceux de Gérard Blain, Patrick Dewaere...) et italiens (L'incompris, Rocco et ses frères, Trois frères...).
C'était l'enfant du cinéma. Né durant la guerre d'Algérie, il appartenait à cette génération, maillon important du pays entre hier et aujourd'hui. Il avait le caractère et l'allure d'un acteur fétiche de Sam Peckinpah, Al Lettieri, qui partagea la vedette avec Steve Mc Queen dans Guet-apens. Pour un cinéma universel, il faudrait que les agents de casting prospectent en-dehors des USA et de l'Europe pour débusquer des artistes merveilleux et leur donner la chance de s'exprimer. Car il en existe dans des pays comme l'Algérie, sans industrie cinématographique mais disposant quand même d'un cinéma et de talents comme Rachid Farès qui espèrent, végètent et meurent, la mort dans l'âme. Juste au moment où ils atteignent l'âge mature, riches en expérience, prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes... Rachid avait plusieurs points communs avec Philippe Léotard, rebelle du cinéma français. Comme celui-ci, il aurait pu nous dire : «Je vous dis adieu, comme on dit salut, comme on dit ça va !»


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