Arrivée massive des Allemands

De l'avis même des opérateurs économiques algériens, la journée d'information sur les opportunités d'exportation des produits hors hydrocarbures à destination de l'Allemagne, organisée lundi au siège de la chambre de commerce et d'industrie Seybouse Annaba, a été fructueuse.
Elle a été animée par des responsables allemands en poste à la Chambre algéro-allemande du commerce et de l'industrie (CAACI) créée courant 2005. Tout au long de leurs interventions relatives aux exportations des produits algériens vers l'Allemagne, aux investissements allemands dans notre pays, tout en mettant en relief les échanges économiques en hausse entre les deux pays, le partenariat et les contacts entrepris pour la concrétisation de grands projets en Algérie, les spécialistes allemands du commerce extérieur ont démontré leur volonté de s'imposer comme un modèle dans les échanges économiques et un partenaire à un prendre en compte. Volonté mais aussi ambition des Allemands de devenir le premier investisseur étranger en Algérie dans différents secteurs dont le bâtiment, le traitement des ressources, l'industrie de la transformation' «Nous sommes en Algérie pour assister le partenaire algérien à trouver des interlocuteurs allemands tant pour l'exportation de leurs produits que pour le partenariat. Le commerce entre nos deux pays s'est bien développé ces dernières années. Il a atteint un niveau 10 fois supérieur à ce qu'il était au début des années 2000», explique Sonja Weichert, chargée de la promotion des exportations et des PME à la CAACI. Du côté des opérateurs économiques algériens présents à cette journée d'information, l'on s'est félicité de l'attitude et de l'approche professionnelle des responsables allemands pour développer des relations commerciales étroites, solides et stratégiques avec les entreprises algériennes. Ce qui a donné lieu à des débats très fructueux autour de la promotion des exportations algériennes, des investissements et du partenariat algéro-allemand. Résultat, 700 sociétés dont 200 allemandes sont sur le terrain des échanges commerciaux. Dans le lot, des opérateurs économiques des deux pays n'ont pas caché leur volonté de développer la réalisation de sites de production avec des donneurs d'ordres en termes industriels. Plusieurs opérateurs économiques allemands sont déjà en production en Algérie. Ils avaient préalablement acquis la majorité des actions d'entreprises publiques économiques algériennes dissoutes pour cause de faillite. Les hésitations de beaucoup d'autres à s'installer en Algérie sont expliquées par Sonja Weichert : «La création de sociétés mixtes algéro-allemandes pose problème avec la loi algérienne portant obligation de capital à 51% algérien pour les investissements majeurs. C'est ce qui a freiné plusieurs investisseurs allemands.» Lors des débats, il a été également question de la frilosité des hommes d'affaires allemands à investir en Algérie. Selon cette même responsable, il s'agirait de la sécurité juridique du partenariat ou de l'investissement qui n'est pas garantie ou qui n'est pas claire. Des démarches auraient été entreprises auprès du gouvernement algérien pour des clarifications. La même source a indiqué que la CAACI a multiplié les contacts pour sensibiliser les opérateurs économiques allemands intéressés par des investissements en Algérie de ne pas voir en la capitalisation majoritairement algérienne un frein à leur volonté d'investir. «Nous faisons en sorte qu'ils acceptent cette décision», a-t-elle souligné. Lors de cette rencontre, la volonté des représentants allemands de la CAACI de développer les échanges commerciaux avec l'Algérie et les opérations de partenariat a été mise en exergue. Ce développement pourrait être palpable dès 2012 avec la matérialisation de plusieurs dizaines de projets de réalisation d'unités de production industrielle notamment la construction automobile, la pétrochimie et l'énergie solaire. L'appel d'offres pour la réalisation en Algérie d'une importante unité de production de panneaux solaires décroché par une firme allemande est annonciateur d'une arrivée massive des investisseurs allemands en Algérie. Selon les responsables de la CAACI, des dossiers de partenariat sont en cours de montage alors que d'autres sont en négociations. Pour l'heure, de par une production agroalimentaire totalement bio, l'Algérie se place en pôle position pour la conquête du marché allemand. C'est ce qu'estiment les animateurs allemands de cette rencontre de Annaba quand ils soulignent que le marché allemand est très demandeur en produits bio. «Beaucoup de sociétés algériennes s'y sont versées. D'autres intéressées ne répondent malheureusement pas aux normes et doivent se mettre à niveau. Pour peu que leur hébergement soit assuré en Algérie, des experts allemands en la matière pris en charge par l'Etat allemand sont prêts à se déplacer pour assurer cette mise à niveau», ont-ils précisé. C'est dire que les Allemands n'ont pas fait dans les salamalecs à Annaba et qu'ils y étaient pour des actions concrètes. C'est pourquoi l'on était loin du pessimisme qui caractérise les opérateurs économiques algériens à chaque manifestation du genre animée par des étrangers. Celles notamment qui a vu une multitude de délégations françaises faire le tour de la ville en véritables touristes avant de repartir avec la promesse de revenir l'année prochaine pour des engagements qui, faute d'interlocuteurs algériens compétents, ne seront jamais matérialisés. En tout état de cause, les participants à la rencontre de Annaba ont eu la certitude que leurs interlocuteurs étrangers sont sérieux. Ils l'ont relevé dans leur approche réellement pragmatique de la question des exportations des produits de maraichage et agroalimentaires bio vers l'Allemagne.