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"Arrêtons de mentir aux Algériens"




Un regard très critique«Nous sommes au coeur de la crise économique», insiste Noureddine Bahbouh. Pour le président de l'Ufds, il ne faut pas tourner autour du pot et se noyer dans les concepts. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, l'ancien ministre de l'Agriculture dans le gouvernement de Mokdad Sifi, revient sur la situation politique et économique du pays.L'Expression: Que pensez-vous du discours du pouvoir en rapport avec la crise financière'Noureddine Bahbouh: Les déclarations du Premier ministre ne sont pas du tout d'ordre économique, il a voulu peut-être, à travers son discours, tranquilliser l'opinion publique et il est dans son rôle. Mais dans tous les cas de figure, d'un point de vue économique, ce qu'il dit est un non-sens. Il a fait des déclarations sur trois volets importants, d'abord, la réduction du budget 2016, estimée à 9%, sans que cela ne touchera la classe sociale défavorisée, ce qui est archi-faux. Il insiste sur le fait que le pouvoir d'achat ne sera pas touché au moment où tout le monde constate un dérapage du dinar à hauteur de 35%. Allez demander au citoyen son avis sur le coûts de la rentrée scolaire et sociale. Il dit que l'Algérie n'aura aucun problème pour s'endetter auprès des organismes internationaux, mais tous les pays peuvent le faire. Sauf que le Premier ministre a omis de mentionner, quelles contreparties, et sous quelles conditions ces organismes vont soutenir financièrement l'Algérie. Donc pour moi, c'est un discours démagogique et politicien, sauf peut-être quand il évoque la nécessité de se référer aux experts économistes et de leur faire confiance et non pas leur imposer des orientations. De par le monde, c'est la règle. Les économistes font des analyses, et l'Exécutif apporte l'habillage politique. Ceci en tenant compte de toutes les tendances politiques. Cela dit, il n'y a pas d'économie de gauche ou de droite, la stratégie économique ne peut être que bonne ou mauvaise.Le gouvernement soutient que le pays n'est pas en crise et adopte une politique économique basée sur la rationalisation des dépenses, quelle appréciation faites-vous de la démarche gouvernementale'Voilà un discours populiste. Pourtant, le gouvernement est le premier à avoir tiré la sonnette d'alarme. Nous sommes en crise, c'est vrai que nous avons des réserves de changes qui peuvent couvrir tous les aléas, mais en 15 ans on n'a pas été capables de mettre en place une économie productrice de richesse. Et ce avec une manne financière sans précédent, y a-t-il du bon sens dans tout cela' D'un autre côté, on gère à la hussarde, c'est-à-dire au coup par coup, et on ose dire que l'Algérie n'est pas en crise. C'est une crise économique flagrante, nous importons quasiment tout ce que nous consommons et on ne produit rien. D'un autre côté, c'est une crise de confiance, vous n'avez qu'à voir dans les administrations. C 'est une désobéissance latente. Personne ne fait son travail. Tous les secteurs sont dans un état catastrophique.Dans ce sens, comment voyez-vous le dénouement à cette situation'En toute franchise, pour avoir des solutions radicales, il faut d'abord avoir un pouvoir légitime. Il faut avoir une légitimité politique et une crédibilité, sinon on ne pourra rien faire. Et la légitimité provient du peuple, c'est lui qui donne la légitimité. Lorsqu'un peuple vous choisit démocratiquement, il a une responsabilité par rapport à ce choix. Parmi les mesures importantes à prendre, c'est de revoir le soutien aux prix des produits. Pourquoi voulez-vous qu'un ancien ministre paye un litre d'essence au même prix qu'un citoyen qui touche le Snmg. Ce n'est pas normal. C'est une inégalité inacceptable. Il faut aussi avoir une stratégie économique claire, et non des ministères qui font cavaliers seuls.Enfin, il faut ouvrir un débat national qui regrouperait toutes les tendances, tous les Algériens, et mettre sur la table tous les problèmes du pays sur un fond de respect de la démocratie et des libertés individuelles et collectives. Arrêtons ce discours qui consiste à dire «c'est moi l'Algérie et ceux qui ne sont pas avec moi sont contre l'Algérie».La révision de la Constitution est donnée comme imminente. Quel est votre avis sur la question'Je doute fort que la révision de la Constitution sera présentée devant le Parlement. mais est-ce vraiment le moment, la priorité' j'en doute fort. Dans un climat politique complexe, une situation économique délétère et un marasme populaire qui risque de mener à l'explosion, il me semble que le débat est ailleurs. Il s'agit pour l'heure de trouver des solutions pour éviter au pays de sombrer dans le chaos.Quelle est votre réaction aux propos de Madani Mezrag, lorsqu'il soutient vouloir créer son parti'Lorsque vous avez un Madani Mezrag qui avoue avoir tué, et qui était chef de l'AIS, et qu'un beau jour on le sort de prison pour lui donner une tribune à la télévision pour s'exprimer, pour moi c'est une démarche suicidaire. Je ne comprends pas le pouvoir lorsqu'il agit de la sorte. Vous avez d'un côté des patriotes qui réclament des droits, et de l'autre un ex-terroriste qui réclame le droit de créer son parti.Si cette démarche est en effet suicidaire, elle est aussi orientée. J'ai l'impression, qu'on essaie de dire aux Algériens: «Vous nous soutenez, sinon voilà ce que vous avez en face. Et n'écoutez pas l'opposition», qui est institutionnelle et légale.Le pouvoir la traite de destructrice et pessimiste. Dans le même temps, des gens de l'autre pôle sont reçus en grande pompe. Je dirais que l'histoire retiendra qu'une sorte de trahison est en train de se concocter dans ce pays.




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