Algérie

Arrêter d'arrêter



Arrêter d'arrêter
Il serait peut-être temps de ralentir, du moins faire semblant, au moins le temps de la campagne électorale. Ce n'est pas récent mais depuis quelque temps, les arrestations se multiplient ; de chômeurs, comme ce dernier, pris dans une manifestation et placé à Serkadji pour lui expliquer que demander un travail est un délit. Mais la police arrête aussi des jeunes de facebook, des militants qui font campagne pour le boycott, d'autres qui font campagne tout court, les marcheurs, ceux qui dénoncent, les défenseurs des droits de l'homme, les gardes communaux, les chasseurs de faux moudjahidine et même, derniers en date, des militants qui ne font rien, arrêtés en pleine rue alors qu'ils n'allaient nulle part.
Ces arrestations préventives, inventées par la DGSN algérienne, auront clôturé le cycle d'une étrange démarche, celle d'arrêter tout le monde avant tout le monde. Il n'y a plus de posture délictueuse, la police arrête ceux qui courent, qui marchent ou restent debout sans rien faire, entravant la longue marche forcée du développement. Ces multiples arrestations, opérées sous la hiérarchie du ministère de l'Intérieur, sonnent comme un grand dérapage, comme si la police ne pouvait plus s'arrêter d'arrêter, droguée à l'interpellation, poussée par un régime intoxiqué à la fermeture et à l'incarcération, dopé par le gigantesque programme de construction de prisons.
De ce point de vue, on pourrait croire qu'à force d'arrêter tout le monde, un jour il n'y aura plus personne et DOK se retrouvera seul dans son bureau, connecté par téléphone au président Bouteflika, seul dans son bunker, lui-même connecté au Premier ministre Ouyahia, seul aussi dans sa grise solitude. Ce n'est pas le cas, la police arrête des gens et les libère (en général) pour arrêter d'autres gens et les libérer. L'objectif ' Il n'y en a pas. Il s'agit juste de dissuader chacun. Mais de quoi ' De voter '




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