Algérie

Arrêtée en possession de livre sur la religion chrétienne



Le tribunal correctionnel près la cour de justice de Tiaret a statué, hier, dans une affaire relative à la liberté de culte qui s’est soldée par un réquisitoire de trois ans de prison prononcé par le représentant du ministère public. L’accusée, une jeune femme de 36 ans, originaire de Tiaret et ayant résidé à Oran, a été arrêtée le 29 mars dernier à un barrage dressé par les éléments de la Gendarmerie nationale au niveau du col de Guertoufa, à la sortie ouest de Tiaret. “Au moment de mon interpellation, je me trouvais à bord d’un bus venant d’Oran vers Tiaret et, lors de la vérification, les hommes de loi m’ont singulièrement ciblée pour m’intimer l’ordre d’ouvrir mon sac qui contenait effectivement des livres chrétiens”, reconnaîtra cette dernière qui nous a affirmé être une pratiquante de la religion chrétienne depuis l’année 2004. Après son arrestation, cette dernière fut remise aux éléments de la sûreté de wilaya qui l’ont interrogée et retenue en garde à vue durant 24 heures avant de la présenter devant le procureur de la République. Pratique d’une autre religion autre que l’Islam étant le chef d’inculpation retenu contre elle. Au moment du procès, le président lui a posé nombre de questions : as-tu opéré par un baptême le jour de ta conversion ? As-tu reçu l’eau du Paradis ?... Une autre série d’interrogations s’en est ensuite suivie, tournant autour de l’utilité exacte des livres trouvés en sa possession.
Comme réponse, l’accusée maintiendra qu’elle en faisait un usage personnel, alors que le représentant du ministère public apostrophe en précisant que l’argument ne peut être admis dans la mesure où plusieurs livres sont du même tirage. Une manière somme toute de laisser entendre qu’elle pratiquait du prosélytisme. Lors de sa plaidoirie, l’avocate de la défense, Me Khelfoun, a mis en relief ce qui est rapporté dans la Constitution algérienne, qui stipule que bien que la religion d’État dans notre pays soit l’islam, il n’en demeure pas moins que l’État garantit le libre exercice de culte, ainsi que le respect et la tolérance entre les différentes religions.
Plus loin, elle rappellera que l’utilisation de l’appartenance religieuse comme base de discrimination à l’égard d’autrui est réprimée par l’État et par la Constitution dans la mesure où toute personne doit jouir de la pleine liberté de manifester son obédience religieuse ou sa conviction personnelle dans ce volet. Pour disculper sa cliente du délit de prosélytisme, l’avocate n’a pas manqué d’insister sur le fait que cette dernière se trouvait assise seule dans le bus, au moment de son arrestation et que les documents en question se trouvaient à l’intérieur de son sac, ce qui contrarie toute tentative de subversion et encore moins de propagande. Par ailleurs, cette dernière épiloguera par la nette conviction que la Constitution algérienne se trouve au-dessus de toute autre considération et, par conséquent, l’appareil judiciaire est sollicité pour faire montre de clémence et appliquer ce que dit la loi dans ce sens, à savoir le respect de la loi fondamentale qui protège les droits et les libertés individuelles et collectives. Toutefois, le verdict de cette affaire sera connu mardi prochain, à l’issue des délibérations, et ce, le même jour où doivent comparaître six autres individus impliqués dans des délits similaires.


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