Algérie

Arrêt du crédit à la consommation: Les dossiers déposés avant le 30 juillet non concernés



Les Algériens râlent, les banques soupirent : c'est une grosse tempête qui souffle sur le front financier avec la décision d'arrêt, brutale s'il en est, des crédits à la consommation, particulièrement pour l'acquisition de véhicules. La loi de finances complémentaire 2009 est passée par là, et le gouvernement aura ainsi décidé de mettre un terme à une pratique bancaire qui aura, selon des experts, engraissé beaucoup de banques financières étrangères, spécialisées dans ce genre de produit.

 Mais le secrétaire général de l'Association algérienne des banques et institutions financières, M. Abderrahmane Benkhalfa, a rassuré les demandeurs de crédit à la consommation que leurs dossiers suivront la procédure normale s'ils ont été déposés avant la date du 30 juillet 2009, date de l'entrée en vigueur de la décision de suspension de ce produit financier qui avait suscité un réel engouement auprès des ménages à faibles revenus. Pour les autres, futurs demandeurs de crédit à la consommation, c'est la fin du rêve d'une voiture achetée à tempérament.

 Dorénavant, les banques ne sont autorisées à octroyer aux particuliers que des crédits immobiliers, selon la loi de finances complémentaires pour 2009, publiée mercredi 29 juillet au Journal officiel. La mesure touche toutes les banques, publiques et privées.

 Jusque-là, seules les banques à capitaux publics étaient concernées par l'interdiction d'octroyer des crédits à la consommation et des crédits pour l'acquisition de véhicules. Car le crédit à la consommation, qui avait été généralisé en Algérie à partir du début des années 2000, porte sur un large éventail de produits que les banques se chargeaient de financer : cela va de la voiture à l'ameublement, l'électroménager, le logement ou les petits métiers. Les Algériens avaient ainsi, pour beaucoup, appuyé sur le champignon pour s'acheter une voiture neuve, un salon, une cuisinière, bref, améliorer leur standing social. D'autant qu'en face, les banques ne lésinaient pas sur les montants des prêts, engrangeant de forts chiffres d'affaires annuels adossés à des taux d'intérêts très élevés, très confortables.

 Pour autant, les responsables algériens ont revu leur stratégie sociale et estiment dorénavant que le crédit à la consommation constitue un risque pour l'économie nationale, qui ne peut pas ne pas être affectée par la crise financière mondiale. Il est clair que ce produit financier, qui avait permis à des marques automobiles particulièrement de faire de gros chiffres d'affaires en Algérie, alors que leurs maisons mères vendaient les mêmes voitures au rabais en Europe et aux Etats-Unis, et même au Japon et en Corée du Sud, n'est plus d'actualité ni une priorité sociale pour le gouvernement Ouyahia, selon lequel le crédit à la consommation «serait dangereux pour l'économie nationale». Pour des experts, le crédit à la consommation sert essentiellement à financer l'acquisition de produits étrangers. Une opération qui finance en dinars l'acquisition de produits importés en devises souvent depuis la France, et les bénéfices sont ensuite transférés sur les comptes des banques étrangères en Europe.

 En face du gouvernement, il y a surtout la réaction de la rue algérienne, même si les banques sont restées très discrètes. Un forum très actif sur la Toile dénonce ces jours-ci, en termes souvent virulents, la fin du crédit à la consommation. En attendant, cette mesure pourrait avoir des effets pervers, comme un brusque arrêt de la consommation interne, ce qui se répercutera fatalement sur les grands agrégats économiques comme l'épargne, la production et le ralentissement de la croissance économique, déjà guère plus élevée que le 1 à 2% l'an.




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