Les jeunes générations d'Algériens ne connaissent pas leur pays, ou si peu. Elles ignorent aussi sa riche culture ancestrale, son histoire, son patrimoine, son artisanat, ses arts et ses splendeurs naturelles. Pour preuve : un simplereportage de la fameuse émission Thalassa, diffusé vendredi dernier sur la chaîne de télévision française France3, a fait grand bruit parmi nosconcitoyens, agréablement surpris de découvrir une toute petite facette (parmi des milliers d'autres) d'un très beau pays qui est paradoxalement le leur.Tous ceux qui ont vu «l'Algérie, la mer retrouvée» étaient absolument charmés par la beauté époustouflante de nos côtes. Le reporter avait justement souligné cette méconnaissance, en rappelant au passage «l'enfermement» de la décennie 1990. Cette carte postale, exclusivement consacrée au littoral algérien, reste cependant bien loin de donner un aperçu de la beauté naturelle de tout leterritoire.Il reste encore à découvrir les grands massifs montagneux, les réserves forestières avec leur faune et leur flore, les cours et les réserves d'eaux douces, les Hauts-Plateaux et leurs immensités steppiques, le Sahara, le grand désert sablonneux avec ses merveilles, ses oasis verdoyantes, ses massifs rocailleux, et tant d'autres belles choses encore.Cette diversité géographique se traduit naturellement par une grande variété culturelle. Chaque région, chaque ville, chaque localité et, parfois, chaque village, se distingue par ses propres us et coutumes, chants, danses, leurs savoirs traditionnels, tenues, son mode d'expression, ses jeux, distractions, son style architectural, son savoir-vivre et sa sagesse. Il n'est jamais aisé de cerner toute cette richesse dans un petit papier de presse. La Kabylie, les Aurès, les Tassilis, l'Algérois, le M'zab, le Constantinois, les Hauts-Plateaux, l'Oranie, le Gourara, la Saoura et les régions frontalières et leurs métissages culturels avec l'Europe, l'Afrique subsaharienne, l'Orient et l'Occident, sont autant de thèmes génériques à cette infinité de cultures qui font l'Algérie.La culture algérienne, avec son substrat amazigh et musulman, s'est ouverte très tôt sur le monde pour s'en inspirer et se faire connaître. Il est vraiment dommage de constater aujourd'hui que des étrangers connaissent mieux que nous tous ces trésors. Dans toutes les disciplines de l'art, on a affaire à un florilège de styles, d'expressions, d'ambiances et couleurs particulières. Dans le répertoire musical, par exemple, on dénombre des dizaines de styles différents qui vont du classique au folklore, en passant par le mystique, le populaire, le savant, le festif... le chant chaâbi, le raï, la chanson kabyle, le chaoui, le staïfi, le gnawi, la zorna, le madih religieux et le bédoui saharien ont, chacun, ses mélodies propres, ses rythmes particuliers et son instrumentation caractéristique. La musique classique andalouse, à elle seule, est représentée par trois ou quatre écoles dont le hawzi algérois, le malouf constantinois et le gharnati tlémcenien et leurs variétés chantées à Annaba, Skikda ou Béjaïa. On pourrait en dire autant, sinon plus, de la poésie, du théâtre, de l'artisanat, de la littérature, des arts décoratifs, de l'architecture, de l'art culinaire...Ce précieux héritage s'est, ensuite, profondément imprimé dans les arts modernes comme le cinéma, les fusions musicales contemporaines, le design ou la chorégraphie. Ce ressourcement donne aux ?uvres dites modernes une personnalité et une âme profondément enracinées dans le passé lointain de l'Algérie. Le rap, le rock, le jazz et le reggae ont, en Algérie, une teinte particulière, que cela soit au niveau du texte chanté ou au plan de la composition musicale. Tous ces patrimoines restent cependant peu exploités dans la promotion de la destination Algérie.Le tourisme et la culture vont toujours de pair. Le potentiel de l'Algérie dans ce domaine est immense, en interne et en externe. Le ministère de tutelle, l'Office national du tourisme et les opérateurs du secteur ont des arguments en béton pour convaincre. Et, la culture se porterait beaucoup mieux si tel était le cas.K. A.
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Posté Le : 09/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Amghar
Source : www.latribune-online.com