Algérie

Arguments



«Quand les arguments s'effritent, les positions se durcissent.» Stanislaw Jerzy LecJ'aime les campagnes électorales même si je pense comme tous les vieux qui viennent perdre le peu de temps qui leur reste à vivre sous le grand acacia que cela ne changera rien pour l'immense majorité des gens. J'aime les campagnes électorales pour plusieurs raisons: d'abord, les policiers et les gendarmes se font plus cool. Je ne sais pas s'ils reçoivent des instructions pour cela, mais je l'ai constaté à plusieurs reprises. Ensuite, les pénuries disparaissent comme par enchantement aux alentours du scrutin. Le consommateur, gâté, devient l'objet de toutes les attentions. Mais j'adore par-dessus tout l'éloquence avec laquelle tous les menteurs patentés viennent bercer leurs électeurs potentiels. Les dictionnaires sont pillés par les gaspilleurs de salive et, les coupeurs de cheveux en quatre, multiplient les figures de rhétorique pour essayer d'amener le mouton vers l'abattoir. C'est oublier que les gens ont quand même un restant de mémoire et qu'ils ne pointent pas tous chez Alzheimer. C'est la raison pour laquelle, les vieux, qui torturent chaque jour les pièces de domino, ne prêtent qu'un bout d'oreille distraite à caux qui viennent leur peindre en rose les murs lépreux d'une cité ignorée souvent par les éboueurs et autres services publics. Il y a longtemps que les vieux ont enterré leurs illusions. Le vote est peut-être le seul sujet qui ne provoque pas des éclats de voix. Le doyen de la petite communauté des retraités a même prédit qu'il y aura moins de monde au bureau de vote qu'à la station Naftal le jour de pénurie de bouteilles de gaz. D'ailleurs, ils accueillent avec une froideur le militant qui gère la permanence du parti de la majorité pendant la campagne électorale: il a disparu mystérieusement pendant les jours de grande froidure quand les gens tapaient du pied pour se réchauffer ou manifestaient à cause des inondations qui avaient transformé le quartier du «Bateau cassé» en marécage. La campagne électorale ne concerne que les militants professionnels. D'ailleurs, tout le monde préfère commenter le duel qui oppose sur l'autre rive, Sarkozy et Hollande: là-bas au moins, il y a une possibilité d'alternative. Tandis qu'ici, tout le monde dit: «Avant, c'est Moussa hadj, après, ce sera hadj Moussa».
La plupart des têtes grises prédisent la victoire de François Hollande car, ajoutent-ils, il faudrait être myope pour croire au bilan de Nicolas Sarkozy. D'ailleurs, le président sortant ne parle jamais de son bilan: il n'en a pas. C'est la même chose pour nos députés. Quels arguments vont-ils développer pour inciter le citoyen à voter. Quel bilan concret peuvent-ils présenter à ceux qui connaissent les pénuries de médicaments et qui appréhendent un séjour à l'hôpital'Qu'ont-ils fait pour améliorer la vie quotidienne du citoyen' Les routes réalisées ne servent qu'à ceux qui ont des voitures et le transport public fait toujours pitié. Quel est le député qui osera brandir un bilan chiffré avec le nombre d'emplois créés, le nombre de logements construits et équitablement distribués. Il n'y a pas si longtemps, un chef de parti de l'Alliance présidentielle avouait son impuissance devant le phénomène des harraga: dans toute démocratie, un homme politique conscient de ses devoirs aurait démissionné. A quoi sert un homme politique qui ne crée ni emplois pérennes ou ne participe pas activement au développement du pays' Les événements politiques qui secouent le Monde arabe ont provoqué une pléthore de partis qui se réclament de l'islamisme et qui veulent tous prendre une part du parti dissous. C'est la raison pour laquelle, personne n'ose s'avancer sur le Code de la famille: la Tunisie est en train de connaître un retour de manivelle douloureux. Si, après le 12 mai on nous promet de raser gratis, les coupes seront, à coup sûr garanties. Cela n'empêchera pas les participants à la foire d'empoigne de promettre monts et merveilles. Ils raseront surement gratis, mais avec quelques coupures, ici et là.


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