Algérie

Argent public, quand Ouyahia se conjugue au futur



Argent public, quand Ouyahia se conjugue au futur
Les Français exprimeront samedi prochain un premier choix dans leur élection présidentielle. Nicolas Sarkozy a été élu sur la promesse de mettre de l'ordre chez les pauvres contre un surcroît de travail, rendu possible à ses yeux par plus de dérégulation, moins d'Etat. Il sera probablement battu pour ne rien avoir pu réaliser de tout cela. La faute à Wall Street et aux produits toxiques ' En partie seulement. La majorité présidentielle a perdu toutes les élections intermédiaires depuis cinq ans. Même celles qui avaient précédé les effets de la crise économique mondiale. Il n'est plus possible de promettre n'importe quoi dans les démocraties avancées.
Les électorats sont attentifs. Bien conseillés. Ils évaluent. Comparent. Ainsi, aucun des cinq premiers candidats dans les sondages en France n'a pu réellement s'engager à contourner la lutte contre la dette publique, devenue depuis deux ans le c'ur de toute politique économique en Europe. Plus de 80% du Pib en France. Aucune nouvelle dépense ne peut être proposée sans qu'elle ne soit adossée à une nouvelle source de financement public. Il faut alors regarder les électeurs droit dans les yeux et leur annoncer une nouvelle ponction fiscale. Un suicide politique aux Etats-Unis, où le camp Obama milite ' avec le soutien de la doctrine Buffet' à faire financer par les plus riches une partie de l'abyssal déficit américain. Là aussi la campagne est une bataille de chiffres. Sur le bon usage de l'argent public.
L'Algérie vit de ce point de vue dans une ère crétacée de la politique et des contenus électoraux. La preuve, Ahmed Ouyahia peut, toute morgue bue, venir parler de plans d'avenir. Sans jamais être interpellé sur son passif. Inutiles d'aller très loin. Même pas de revenir à décembre 2011 pour exhumer les 6 nouveaux milliards d'euros mis, en 2011, à disposition d'un énième plan d'assainissement, cette fois de 200 entreprises publiques, dans le cadre de la plus vaste et la plus longue opération d'achat de base sociale pour un régime en gros déficit de légitimité.
Sans aucune comptabilité politique de l'argent déjà dépensé auparavant dans les mêmes plans d'assainissement. Il existe tout juste dans l'actualité de la seule quinzaine du passage du Premier ministre chez le forum des chefs d'entreprise (FCE), trois annonces économiquement désastreuses. Qui engagent la gouvernance économique et l'argent public. Et qui sur un plateau de télévision de joutes électorales auraient atomisé, ailleurs dans le monde hors ENTV, le candidat responsable du gâchis. Trois cataclysmes tranquilles au pays où Sonatrach essuie les plâtres partout. D'abord, la décision de «rembourser» à Anadarko et Maersk, 4,4 milliards de dollars en pétrole. Ensuite, la quasi-cessation de paiement d'Algérie-Télécom annoncée à moitié de la bouche de son 5e PDG en six ans.
Enfin, l'échec de l'opération de rachat forcé de Djezzy qui se termine pitoyablement sur le chemin de l'arbitrage international dont tout le monde sait qu'il va prendre les allures d'une nouvelle déconvenue du style Anadarko- Maersk. Un peu comme si la note de l'Algérie avait été dégradée de trois échelons en quinze jours. Un pays en situation d'emprunter sur les marchés, ce qui peut redevenir le cas de l'Algérie dès 2025, se verrait immédiatement sanctionner d'un coût du crédit plus cher. Comme cela a été le cas pour l'Espagne l'autre semaine, parce que son déficit public n'a pas assez baissé en 2011. Rien ne peut empêcher Ahmed Ouyahia de disserter joyeusement sur l'avenir. Il n'est pas comptable de ses actes. L'exact inverse des scénarios électoraux en Europe.
Le prochain président de la France arrive à la tête d'une entreprise qui a vécu trop longtemps au-dessus de ses moyens. Et qui n'apparaît plus assez riche pour qu'on lui prête, comme avant, à des taux bas. Deux grandes options : rester dans le système et rassurer ses créanciers en resserrant les boulons des comptes publics. Ou réformer le système pour lui trouver un autre chemin de croissance qui échappe à la dictature planétaire du ROE, le retour sur investissement. Sarkozy et Hollande sont dans la première option. Avec de grandes nuances. Mélenchon est dans la seconde. Lui peut parler de l'avenir. Il n'a pas torpillé France Télécom. Pas cherché à nationaliser à perte Free, pas imposé une surtaxe à effet rétroactif pour venir la rembourser ensuite. Avec un tel bilan, personne d'ailleurs n'irait plus sur un plateau de télévision. Presque comme DSK.




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