Algérie

Argent de l'informel: La finance islamique pour bancariser 6.000 milliards de dinars



La bancarisation de l'argent informel passe indubitablement par le développement de la finance islamique. C'est le plaidoyer du ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, qui a soutenu lors des travaux d'une journée parlementaire autour de la finance islamique, tenue hier au siège du Conseil de la nation, rappelant dans ce contexte que le montant de l'argent en circulation dans les circuits informels atteint les 6.000 milliards de dinars. Un montant déjà dévoilé au début du mois de mars en cours par la Banque d'Algérie, dans le cadre de la publication des derniers chiffres de la situation monétaire dans le pays, en soulignant la hausse conséquente de la masse monétaire non bancarisée, qui a atteint 6.140,7 milliards de dinars (près de 60 milliards de dollars) à la fin de l'année 2020, marquant une augmentation de 12,93% durant une seule année. En somme, cela correspond à 34,73% de la masse monétaire globale à fin 2020, avait indiqué la même source. A ce propos, le ministre des Finances relèvera qu'en l'état actuel de la situation, la finance islamique qui est une demande sociale recommande notre compréhension pour permettre sa domiciliation en Algérie. Comprendre qu'il ne faut pas s'attendre à des résultats probants dans l'immédiat, notamment la bancarisation de l'argent informel qui recommande la mise en ?uvre d'autres produits. M. Benabderrahmane a révélé qu'il existe actuellement 133 guichets dédiés à la finance islamique ouverts au niveau des banques publiques, mais pour le moment les services offerts restent limités à huit produits, dont la Mourabaha, la Moucharaka, la Moudaraba, l'Ijara, le Salam, l'Istisna'a, qui ne peuvent capter l'importante masse monétaire en circulation dans les circuits informels.Dans le prolongement de l'idée, le ministre du Commerce, Kamel Rézig, dira pour sa part lors de son intervention lors de cette journée parlementaire que la finance islamique n'est pas un financement de substitution, c'est plutôt un pas conséquent et indispensable vers le futur afin de capter l'argent en circulation dans les circuits informels. Soulignant qu'avant la fin de l'année, on arrivera à un financement islamique avec ses modes participatif et non participatif.
L'approche juste relève d'une mise en adéquation du financement islamique et le financement conventionnel ou classique, soutiendra le même responsable qui évoquera dans cet esprit la création d'une bourse qui n'exclura aucune de ces voies de financement. Une bourse qui ne limiterait pas les ambitions à la seule volonté de l'éradication de l'argent noir et qui se concrétisera à travers le lancement d'un autre produit de la finance islamique qui lui donnera un mode participatif, en l'occurrence les Soukouks (chèque) qui seront introduits après l'amendement du Code du commerce, indiquera-t-il. La finance devrait également participer à la relance de l'économie, car il y a des investisseurs qui ne veulent pas passer par les circuits conventionnels et préfèreraient la finance islamique pour injecter leur argent, pas forcément en circulation dans les circuits parallèles. Mais, selon les recommandations de certains experts, il serait très utile de ne pas tout miser sur la finance islamique pour bancariser l'argent en circulation dans les circuits informels, il y a également pour le Gouvernement de sonder dans ce sens d'autres pistes, dont l'encouragement des investissements à travers la révision de la fiscalité et le rétablissement de la confiance des citoyens à l'égard du système bancaire en général.


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