A l'occasion de l'anniversaire de la mort d'Arezki Kihal, il serait bon de rappeler à notre jeunesse, la vie et le combat de ce pionnier de la révolution algérienne.Né à Guenzet en 1904, de la tribu des Ith Yala, Arezki Kihal a connu, dès son jeune âge, le dénuement de sa région. C'est cette pauvreté qui conduisait les Ya'aloui à quitter leur sol pour se rendre à Sétif, Alger ou la France à la recherche d'un travail qui assurera la subsistance de leur famille. Kehal avait choisi de s'exiler en France, à Paris précisément.
Cette absence de moyens économiques pour couvrir les besoins sociaux, conséquence de la colonisation, est un déclencheur du patriotisme libérateur du pays. Il n'était plus étonnant de voir Kihal à l'âge adulte revêtir les qualités du militant dynamique aux côtés d'hommes qui ont façonné le nationalisme algérien tels que, entre autres, Amar Imache, Belkacem Radjef, c'est-à-dire des hommes sans lesquels il n'y aurait pas eu un Benboulaid, un Didouche, un Boudiaf, un Abane ou un Amirouche.
Revenons en arrière pour mentionner que Kihal avait été pétri dans l'école coranique où il avait appris une bonne partie des 114 chapitres du Livre saint. Cet enseignement fera de lui, plus tard, un bon arabisant. Il avait eu la chance de fréquenter aussi l'école française qui existait dans son village, favorisé sur ce plan, par rapport aux autres villages environnants. Il aurait même poussé ses études jusqu'à l'école Jules Ferry de Constantine où il aurait obtenu son brevet élémentaire. Voilà donc notre Arezki bilingue.
C'est donc armé d'une bonne formation et animé d'une volonté du changement de 'ordre social, qu'il s'était rendu à Paris dès son jeune âge, s'était mêlé aux travailleurs algériens et s'était engagé dans la vie politique.
Kihal avait adhéré à l'étoile Nord-Africaine en 1932 dans le XXème arrondissement de Paris, et depuis, il n'avait pas cessé de lutter pour la libération de son pays jusqu'à sa mort.
Très tôt, il avait assumé de grandes responsabilités grâce à son honnêteté, sa sincérité et son dévouement pour la cause nationale. C'est ainsi que membre du bureau politique, il présidait aux destinées du comité central et se chargeait de la trésorerie du parti, en homme intelligent et intègre. En outre, sa formation en langue française, qui en faisait un intellectuel pour l'époque, lui avait permis de participer à la rédaction du journal al-Oumma et de diffuser les idées de libération et d'indépendance au sein de l'émigration algérienne.
En 1937, le 11mars, plus précisément, Kahal avait participé à la création du Parti du Peuple Algérien, le P.P.A. Cette création avait eu lieu à Nanterre où les Algériens vivaient dans des baraquements. C était un lieu sûr, éloigné des regards de la police et de ses auxiliaires. Rappelons pour mémoire que c'est de Nanterre qu'est parti le gros des manifestations du 17 octobre 1961.
Quand Messali s'était rendu en Algérie en juin 1937, Kahal était déjà une forte personnalité du parti. Ce n'était pas étonnant que la direction du mouvement lui ait été confiée automatiquement et sans discussion.
Après l'arrestation de Messali, Arezki s'était rendu en Algérie le 3 septembre 1937 pour assumer la direction du parti. Le mouvement prend de l'ampleur particulièrement au sein de la jeunesse algéroise.
Kihal avait été, avec Mohammad Guenaneche, à l'origine du premier numéro du journal Ach-Cha'b. Une année après, le 25 février 1938, il avait connu sa première arrestation avec d'autres militants comme Filali Mbarek, Lakhdar Hayouani et Mohammad Guenaneche. Il poursuivra son militantisme en prison. Il s'érigera même en maître d'école puisqu'il prendra l'initiative de donner des cours en français et en arabe mais aussi de formation politique destinée aux détenus qui se trouvaient dans la même salle que lui..
Il avait été incarcéré à la prison de Barberousse où il avait vécu dans des conditions lamentables. Une maladie mal soignée l'avait tellement affaibli qu'il avait été transporté à l'hôpîtal.
Au moment où ces détenus étaient passés en jugement et condamnés à des peines de prison. Kahal n'avait pas été jugé pour des raisons de santé. En effet, il avait été atteint d'une grave maladie qui l'avait conduit à l'hôpital civil de Mustapha où il décèdera après 14 mois d'emprisonnement et six mois de souffrance. A l'hôpital, Il avait été confiné dans un total l'isolement, gardé 24 heures sur 24 par un agent de police. Cet interdit n'empêchait pas les militants, en usant de ruses, de communiquer avec lui.
Mais la colonisation avait été intraitable. Elle n'avait consenti à transférer le malade à l'hôpital qu'une fois qu'il avait perdu toutes ses forces Le jour de sa mort, un 14 avril 1939, il n'y avait qu'un corps sans chair. La France coloniale avait même refusé sa mise en liberté provisoire pour pouvoir mourir au sein de sa veille mère, sa femme et ses enfants.
C'était un grand dirigeant du parti qui disparaissait. C'était aussi le premier martyr du P.P.A. Aussi la section du P.P.A d'Alger lui avait-elle organisé des obsèques nationales qui avaient rassemblé plus de 15.OOO personnes parmi lesquelles de nombreuses femmes qui poussé des you you. Son cercueil, recouvert du drapeau national, avait été déposée au domicile de son frère de combat, Ahmad Bouda, situé au boulevard Cervantès à Belcourt, avant d'être acheminé au cimetière Sidi M'hamed pour la prononciation de l'oraison funèbre. Il est à signaler que c'était la première fois que l'emblème de la nation algérienne avait été déployé au grand jour.
Selon les voeux de sa famille, Arezki Kihal avait été transporté à Guenzet où il avait été enterré. Le convoi funèbre avait été accueilli par la population de tous les villages d'Ith Yaala. Sa tombe était restée anonyme. Elle était néanmoins visitée une fois par an, en été, par les militants du P.P.A, venus d'Alger et de France, pour passer leurs vacances. Chaque fois un discours commémoratif était prononcé à cette occasion par le responsable local du parti, Midouni Mohand Chérif, aujourd'hui mort au champ d'honneur.
Arezki Kihal est une grande figure du nationalisme algérien. Il est mort pour que l'Algérie recouvre sa liberté et son indépendance. Malheureusement, bien qu'un lycée à Harbil et une clinique à El-Biar portent son nom, très peu d'Algériens le connaissent. Quant à la jeunesse de notre époque, ils n'ont certainement jamais entendu parler de lui.
Il est vrai aussi que les dirigeants de notre pays n'ont jamais songé inscrire, dans les manuels scolaires, son nom, sa vie et son combat, ainsi que ceux d'autres hauts responsables de la nation algérienne, auteurs de l'éveil de la conscience algérienne. De leurs côtés, nos universitaires n'ont jamais eu l'idée d'encourager les étudiants à préparer des mémoires et des thèses sur les pionniers du nationalisme, bâtisseurs du patriotisme qui a abouti au premier novembre 1954.
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Posté Le : 21/10/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Tahar Gaïd
Source : www.lequotidienalgerie.org