C?est à l?honneur de la France d?avoir conclu l?accord », c?est ainsi qu?Emmanuel Hoog, président de l?Institut français de l?Audiovisuel avait qualifié en décembre dernier le document signé à Alger sur la récupération par l?Algérie d?une partie de ses archives d?avant l?indépendance. Mais l?honneur de la France réside-t-il dans la supercherie et la manipulation ? Le premier lot de 200 heures d?archives remis à la télévision nationale ne contient aucune image de la misère extrême qui affectait la population algérienne, comparée à l?opulence qui caractérisait la minorité coloniale, aucun témoignage des exactions commises par l?armée coloniale, sa police et ses supplétifs durant cent trente années d?occupation. Rien sur les bombardements au napalm, les enfumades du Dahra, les destructions de villages entiers et les regroupements des populations. On ne verra rien des ravages du système colonial. Les images d?Epinal font l?essentiel des documents : caravanes dans le désert, concerts de musique, une vie quotidienne dans la « coexistence pacifique » entre Algériens et Français, des villes qui se modernisent, l?école pour tous sous le beau ciel d?Algérie, etc. Comme si la présence française en Algérie était un long fleuve tranquille qui a terminé sa course dans une indépendance octroyée par un de Gaulle soudain débordant de générosité. Manifestement, un tri strict a été opéré afin que soit gommé tout le visage hideux de l?occupation au profit de la face tronquée d?une colonisation « bienfaitrice » et « civilisatrice ». Les archives de l?Institut français de l?Audiovisuel ont bel et bien été utilisées comme arme redoutable au service d?une vision politique. Reste à savoir si les responsables de l?Institution ont agi par ignorance ou bêtise ou ont-ils été carrément sommés de passer outre au gel de la loi du 23 février 2005 sur la « glorification » de la France coloniale ? Cette dernière hypothèse est des plus plausibles compte tenu des prises de position exprimées par Sarkozy en personne sur le dossier. Le président français a refusé toute idée de repentance de la France et poussé la provocation jusqu?à « honorer » les harkis et les ultranationalistes qui ont donné naissance à l?OAS. Sa dernière initiative de faire parrainer un enfant juif tué par les nazis par un enfant du CM2 renseigne moins sur ses « bons sentiments » que sur sa volonté d?exclure de l?école les deux autres mémoires que sont l?esclavage et la colonisation. Sarkozy s?est définitivement ancré dans l?esprit de la loi du 23 février 2005, il a décidé de ne pas être Adenauer qui a reconnu la responsabilité historique de l?Allemagne nazie dans les crimes commis par les armées d?Hitler. L?Algérie doit en tirer la leçon et se faire à l?idée qu?elle n?obtiendra de lui aucune concession ni avancée sur la question de la mémoire.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 19/02/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Bahmane
Source : www.elwatan.com