Algérie

«Archives algériennes de la France coloniale»



L'ouvrage s'intitule «Archives algériennes de la France coloniale». Ce dernier est le tome quatre de cette collection consacrée à un thème historique d'une extrême importance et d'une brûlante actualité. Ce nouveau volume est préfacé par Jean-Charles Jauffret. Ce livre sera suivi d'un tome 5. Mehenni Akbal a entamé cette collection avec un premier tome qui a été préfacé par l'essayiste et romancier Rachid Mokhtari et qui a pour titre «Archives algériennes de la France coloniale, doit-on en avoir peur'». Il a été édité en 2014 aux Editions Hibre d'Alger. «Archives algériennes de la France coloniale, qui en sont les producteurs' Esquisse d'un texte complémentaire à un essai», le deuxième tome a paru en 2017 chez Edition l'Odyssée. Quant au troisième tome, édité en 2019 chez L'Harmattan, il porte pour intitulé: «Archives algériennes de la France coloniale, réflexion sur la valeur de l'administration communale». Dans ce livre, Mehenni Akbal décortique et analyse de nombreux aspects de la question comme la genèse de l'administration départementale, les bureaux arabes, outils de l'administration des territoires militaires, le mode de fonctionnement d'un bureau arabe, l'évolution des attributions du préfet, les collaborateurs de ce dernier, les secrétaires généraux, Les bureaux de préfectures et les conseils de ces dernières...Un guide précieux
L'auteur y aborde aussi la guerre de libération et les réformes coloniales d'urgence ainsi que plusieurs autres points inhérents au thème principal de l'ouvrage. Il faut rappeler que Mehenni Akbal est professeur à l'université d'Alger-Bouzaréah. Son mérite est grand car, comme le rappelle si bien le préfacier Jean-Charles Jauffret, professeur émérite d'histoire contemporaine, comprendre les arcanes de l'administration français en Algérie à l'époque coloniale a de quoi décourager tout chercheur. Et, Mehenni Akbal a relevé le défi de façon magistrale. Jean-Charles Jauffret souligne donc que le livre de Mehenni Akbal représente un guide précieux qui développe les pistes de son dernier ouvrage publié en France. «Il définit les instances dirigeantes de l'administration jacobine très hiérarchisée, en tenant compte des particularités de l'Algérie coloniale, prolongement de la métropole, mais régie par un gouverneur général et où subsistent tardivement des communes mixtes, un code forestier spécifique, etc.», est-il encore précisé. Cette belle synthèse, ajoute Jean-Charles Jauffret, permet de découvrir les richesses des Archives nationales d'outre-mer, à Aix-en-Provence, dont il reste à espérer qu'un jour, enfin, l'Algérie aura copie intégrale des 10 km linéaires.
Les quatre parties de l'ouvrage
Il faut préciser ici que Mehenni Akbal détaille dans l'annexe 2 ce que l'Algérie réclame avant tout, à savoir les archives du gouvernement général d'Alger et des départements, plus la commune mixte d'Aïn-Témouchent. Il faut noter que l'ouvrage de Mehenni Akbal est scindé en quatre parties selon un ordre thématique et chronologique: de l'ordonnance royale du 1er décembre 1831 instituant une intendance civile en Algérie, on suit la constitution des bureaux arabes, la mise en place des départements et leur devenir jusqu'aux dernières transformations de l'administration préfectorale avant l'indépendance. Jean-Charles Jauffret ajoute que Mehenni Akbal, disciple du regretté professeur Mahfoud Kaddache, apparaît comme le spécialiste de la présentation des fonds archivistiques: un historien ne doit pas se contenter de l'analyse du discours ou de l'image, il doit sentir la poussière des cartons d'archives et ne pas s'en effrayer. «J'ajoute qu'il doit aussi aligner les kilomètres d'archives pour interroger les derniers survivants de la guerre d'indépendance algérienne», écrit Jean-Charles Jauffret en rappelant que cet ouvrage est la suite logique de précédents travaux publiés des deux côtés de la Méditerranée par le même auteur.
Un pont entre les deux rives de la Méditerranée
Jean-Charles Jauffret estime, par ailleurs, qu'en défilant l'écheveau, Mehenni Akbal présente à la fois la genèse de chaque entité de l'administration coloniale, mais aussi toutes ses ramifications, ses limites et ses défaillances: il sait poser les bonnes questions, notamment à propos de l'évolution du rôle des préfets (dont certains, algériens de naissance).
«Outre la présentation des séries et sous-séries d'archives, y compris pour les fonds privés qui y ont été versés, l'auteur offre une bibliographie exhaustive franco-algérienne, plus la présentation des lois et décrets, arrêtés gubernatoriaux, circulaires ministérielles et instructions diverses ayant régi l'Algérie coloniale de la conquête à l'indépendance», ajoute le préfacier. Avant de conclure en relevant que l'enquête rigoureuse de Mehenni Akbal s'inscrit dans l'ouverture prônée par le désormais célèbre rapport du professeur Benjamin Stora, publié en janvier 2021. Un chapitre recommande la création d'une commission «Mémoire et Vérité», l'exploitation des archives et la coopération universitaire en matière d'histoire. «Cet ouvrage me semble correspondre à cette invite dans son rôle de passeur entre les générations pour une histoire dépassionnée.
En bref, l'oeuvre de Mehenni Akbal constitue un pont entre les deux rives de la Méditerranée. Elle rappelle que le temps des historiens, le temps long, est celui de la sérénité de la recherche qui fait fi des vaines querelles mémorielles, de l'histoire officielle et de la langue de bois des politiques», conclut Jean-Charles Jauffret.


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