Nous ne savons rien de ce que furent les demeures de Tâhart, mais des fouilles archéologiques conduites à Sadrata par Blanchet en 1908 puis par Marguerite Van Berchem en 1951-52, nous ont révélé des demeures remarquables influencées apparemment par l’art de Samarra. Les murs étaient partiellement recouverts de parements de stucs, plâtre local chargé de sable, défoncés d’un décor essentiellement géométrique où l’on trouve, entre autres, des figures en forme de rosaces rappelant étrangement parfois les sculptures des coffres kabyles.
Mais, dès que l’on évoque l’architecture domestique, c’est vers le Haut Atlas marocain que le regard se porte, vers ces hautes qasba-s de terre rouge avec leurs tours carrées hérissées de merlons en dents de scie, leurs belvédères et leurs décors de chevrons ; architecture de montagne que l’on ne peut s’empêcher de comparer à celle du Yémen (plus particulièrement à celle de Saada et de sa région ou à celle de Shibām (Yémen du sud). On songe également aux qṣûr-s (Ksours) des vallées du Zîz et du Dadès, villages tribaux resserrés entre les hauts murs de remparts solidement construits en pisé rouge, ces tiγrhemt également en pisé de pierraille, aux murs extérieurs défoncés de décors losangés ; avec leurs tours carrées d’angle, à terrasse débordante, et leurs merlons en dents de scie, leurs meurtrières, leurs šubbâk-s (Iglioua Sud, Tamesla des Aït Ouarzazate, Ouled Yahya, Aït Youssef, Imgoum, Aït Ougoudid, etc.). Architecture puissante dont l’originalité est évidente. La couverture est la terrasse de terre battue supportée par des lattis de branchages et de broussailles, parfois de lattes disposées en épi reposant sur des poutres en tronc d’arbre à peine dégrossi. L’un des plus beaux ensembles est sans doute la qaṣba de Ouarzazate. Le matériau est le pisé et la brique crue recouverte d’un enduit de chaux et de plâtre. A la fois résidence princière du Glaoui, elle était un véritable fortin. La qaṣba se hérisse de tours en tronc de pyramide crénelées de merlons, elle s’élève sur trois niveaux, voire davantage. Le mur de façade se défonce d’ouvertures étroites au rez-de-chaussée, véritables meurtrières ; mais, plus haut, on ne craint pas les fenêtres largement ouvertes sur l’extérieur, protégées par des grilles de fer forgé. Les murs s’ornent de défoncements en niches verticales prolongées, au sommet, par des meurtrières. Plus haut, on peut voir un édicule saillant qui permet de surveiller la base de l’édifice et plus particulièrement la porte d’entrée. Au Yémen, de tels édicules saillants sont appelés šubbâk-s. Ces formes proéminentes apparaissent parfois comme de véritables moucharabiés (mašrabiya) ouverts par de larges fenêtres sur l’extérieur et supportés par des jambes de force.
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Posté Le : 18/07/2021
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Photo : Qasba de Ouarzazate (Maroc), photo L. Golvin.
Source : L. Golvin, « Architecture berbère », Encyclopédie berbère [En ligne], 6 | 1989, document A264, mis en ligne le 01 décembre 2012