Algérie

Archaïsmes Edito : les autres articles



Archaïsmes Edito : les autres articles
Les forces antiémeute ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les antagonistes.» Voilà à quoi est réduit le rôle de l'Etat dans la gestion des conflits récurrents entre communautés à Ghardaïa. Des blessés et des dégâts matériels sont enregistrés à chaque épisode de ces affrontements entre ibadites et malékites sans que les pouvoirs publics n'apportent une réponse autre que la charge policière et les arrestations de quelques personnes impliquées dans les heurts. Wali et chef de daïra diront alors que la «situation est maîtrisée et le calme revenu dans la ville». Les représentants de l'Etat prennent ainsi la posture d'agents de maintien de l'ordre ou de procureurs annonçant la présentation de quelques jeunes devant le parquet.
Des assurances sont également données aux commerçants pour garantir à l'avenir la sécurité de leurs biens. La récurrence de ces «violences communautaires» remontant à de nombreuses années, voire des décennies, indique que la démarche adoptée jusque-là par les pouvoirs publics est inopérante. La complexité de la situation dans cette région du pays, défrayant régulièrement la chronique nationale, n'a pas amené les autorités à abandonner la gestion dans l'urgence, donnant l'impression que le dossier est considéré «clos» après les dernières clameurs ou l'ultime fracas dans les rues. L'on réagit jusque-là comme s'il s'agissait d'une sortie mouvementée d'un stade de football ou une manifestation de rue qui dégénère.
Conflits à multiples facettes, prenant pour prétexte de simples altercations ou des différends anodins, mais finissant dans l'émeute et la destruction des biens, le problème des frictions communautaires à Ghardaïa commande une attention particulière et une prise en charge sérieuse par les pouvoirs publics, une démarche qui devra s'inscrire dans la durée et de préférence engagée hors des périodes de heurts ou de forte tension. Aucun dossier n'est «ingérable», y compris celui du foncier, lorsque l'Etat use de tous les outils réglementaires, dans le respect des dispositions de la loi, qui est au-dessus de tous, donc des communautés.
Aussi, tous les troubles et les débordements observés dans les espaces publics ont nécessairement une explication d'ordre social, liée à la mal-vie des jeunes, à l'absence de perspectives et au marasme économique. Ce sont les régions abandonnées par l'Etat, exclues des programmes de développement, qui sont le plus souvent le théâtre de troubles et d'accès de colère sociale. Lui-même archaïque et fermé sur lui-même, l'Etat a failli dans ses missions de développement et de modernisation de la vie sociale. Aussi, la persistance de foyers de troubles et d'instabilité, qui sont de différentes natures à travers le pays, est, de notoriété publique, l'un des derniers moyens de survie d'un système politique dépassé par les événements et l'histoire.


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