Algérie

Arabie saoudite



Un chemin tortueux Longtemps confinée dans un conservatisme moyenâgeux et hostile à toute ouverture, l?Arabie Saoudite a accepté enfin, sous diverses pressions, d?engager un timide processus de réformes. Cette ouverture, somme toute frileuse, promue par le prince héritier Abdallah Ben Abdel Aziz, dirigeant de facto du royaume, s?est traduite notamment par l?organisation, pour la première fois dans l?histoire du royaume wahhabite, d?élections municipales. Ce scrutin, qui intervient dans un contexte fortement marqué par une série d?attentats terroristes perpétrés probablement par Al Qaîda, va se dérouler en trois phases. Aujourd?hui, ce sont les habitants de Riyad et de sa province qui se rendront aux urnes. Toutefois, les électeurs des autres régions du royaume voteront le 3 mars et le 21 avril prochains. L?objectif de cette consultation, qui a été annoncée en octobre 2003, est d?élire la moitié des membres de 178 conseils municipaux, une institution nouvellement créée. L?autre moitié sera désignée prochainement par le gouvernement. Au total, 1818 candidats sont en lice, dont 646 pour les 7 sièges de Riyad. Ce scrutin ne concerne pas, par ailleurs, les militaires et l?électorat féminin. Les femmes, qui représentent plus de 50% de la population, étant exclues du vote. Pour la province de Riyad, les électeurs sont appelés à choisir la moitié des membres de 38 conseils municipaux, dont un pour la seule ville de Riyad. Selon l?AFP, le nombre des hommes résidant dans cette province âgés de plus de 21 ans et inscrits sur le fichier électoral est d?environ 140 000, sur un total d?électeurs potentiels de plus de 400 000, soit moins de 40%. L?élection des membres des Conseils municipaux reste, selon nombre d?observateurs, un « événement inédit » dans cette « monarchie absolue » où les partis politiques sont interdits, les droits de l?homme bafoués, les libertés restreintes et les membres du Conseil consultatif qui fait office de Parlement sont désignés. A quoi obéissent les timides réformes engagées par le royaume saoudien ? « Le gouvernement d?Arabie Saoudite pouvait montrer son leadership dans la région (le Golfe, ndlr) en faisant croître le rôle de son peuple dans la définition de son avenir », a déclaré récemment le président américain, George W. Bush. Il est donc clair que les « réformettes » amorcées par le régime wahhabite font suite à des pressions étrangères. Les pressions américaines ont particulièrement ciblé le royaume depuis les tragiques événements du 11 septembre 2001. Outre les facteurs étrangers, le régime saoudien a également subi des pressions internes. Il s?agit de la pétition adressée, le 22 janvier 2003, au prince héritier Abdellah Ben Abdel Aziz par 100 intellectuels à travers laquelle les requérants ont réclamé au prince des réformes, notamment la séparation des pouvoirs et la mise en place d?un Parlement démocratiquement élu. Le 18 juin de la même année, à l?issue d?une conférence sur le dialogue national, des dignitaires religieux et des intellectuels ont renouvelé leur appel pour initier de « profondes réformes » en Arabie Saoudite. Entre-temps, soit le 17 mai, le roi Fahd s?est engagé à promouvoir des réformes politiques et sociales dans le royaume. L?organisation de la première élection municipale n?est pas, toutefois, le premier signe de cette ouverture en Arabie Saoudite. L?éducation nationale, la place de la femme dans la société et les préoccupations de la jeunesse sont des questions qui ne sont plus un tabou en Arabie Saoudite. Néanmoins, les dirigeants saoudiens, dans ce processus de réformes, procèdent avec prudence et veillent à ne pas « offenser » les forces ultraconservatrices du pays, notamment les milieux religieux, qui restent influentes dans les couches les plus traditionalistes de la population. Des analystes ont estimé, à juste titre, que le palais royal a initié justement ces réformes pour contrecarrer ce qu?il appelle « la tentation jihadiste ».


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