AQMI : Brusque relance des enlèvements d'occidentaux au Sahel

Cinq otages occidentaux de plus entre jeudi et vendredi au nord du Mali. L'activité juteuse des enlèvements connait une forte relance au Sahel. On soupçonne Aqmi ou des sous-traitants qui lui revendent leurs proies. On évoque aussi l'hypothèse d'un retour des touaregs enrôlés par Kadhafi qui se lanceraient à leur tour dans l'activité de l'enlèvement.
Après la série d'enlèvements d'occidentaux au nord du Mali, les touristes ont été évacués vers le sud tandis que la France a envoyé des hélicoptères et des soldats pour participer aux recherches de deux français enlevés jeudi dans la localité de Hombori. Le lendemain, à Tombouctou, un, touriste allemand a été tué par des hommes armés qui ont également enlevé trois autres occidentaux, un anglo-sud-africain, un Suédois et un Néerlandais. Un premier groupe d'une dizaine de touristes étrangers est parti samedi par avion de Tombouctou. Ils ont pris la direction de Mopti, au sud de Tombouctou, dans un avion affrété par le gouvernement malien. Un deuxième groupe d'une dizaine de personnes devait être évacué plus tard dans la journée vers la capitale Bamako. On ne connait pas le nombre de soldats français qui ont été engagés dans la région de Gao. Le déploiement des hélicoptères et des soldats français est rendu possible par des accords liant la France au Mali, la Mauritanie, le Niger ou le Burkina Faso. Par réflexe, on impute ces nouveaux enlèvements à Al Qaïda pour le Maghreb Islamique (AQMI) mais aucune revendication n'a été encore enregistrée.
Des sous-traitants ou des touaregs sur le retour
Certains analystes avancent qu'Aqmi aurait mené une sorte « d'action préventive » contre une éventuelle opération militaire française destinées à libérer quatre Français enlevés en septembre 2010 à Arlit (nord du Niger), sur un site d'extraction d'uranium d'Areva. En augmentant le nombre d'otages qui seraient dispersés sur plusieurs endroits, Aqmi rendraient une opération de l'armée française impossible et en tout cas très risquée. Outre une opération menée directement AQMI qui détient déjà quatre otages occidentaux, on n'exclue pas l'hypothèse d'actes menés par des bandes locales qui agiraient pour elles-mêmes ou en sous-traitants. Les otages enlevés ces deux derniers jours pourraient dans ce cas être « vendus » à Aqmi qui se chargerait de la négociation avec les pays concernés. Enfin, on évoque également la possibilité que des touaregs liés à Kadhafi qui seraient de retour dans la région et qui auraient décidé «d'investir » à leur tour dans la fructueuse industrie de l'enlèvement au Sahel. Ce sont en tout, 9 otages occidentaux dont 6 français qui sont détenus dans la région. Des interrogations ont été soulevées sur l'activité des deux français enlevés jeudi, Philippe Verdon et Serge Lazarevic, et qui sont présentés comme des géologues. L'un d'eux, Verdon, serait un barbouze et a eu des activités interlopes aux Comores et Madagascar. Le second, Lazarevic, aurait également été actif en ex-Yougoslavie et au Congo. Le gouvernement malien a dénoncé les enlèvements et le meurtre du touriste allemand. C'est une « action terroriste » et une « attaque perpétrée contre la sécurité et la stabilité de notre pays " a-t-il indiqué en réaffirmant sa « détermination et son engagement sans faille à entreprendre toutes les actions que commande la situation afin de garantir la paix, la sécurité et la stabilité".