Des élections timides, sans enjeu, biaisées, soit. Mais encore faut-il décrypter le discours des candidats, les réactions des populations et l'arbitrage des pouvoirs publics.
Comment comprendre justement l'intérêt porté à la course aux APC au détriment des APW ' Qu'est-ce qui a forgé cette orientation chez les uns et les autres pour qu'aujourd'hui l'Assemblée de wilaya soit éclipsée au point d'apparaître comme un accessoire électoral ' La réponse ne semble pas couler de source, mais ceci dit, le manquement à sa mission de contrôle a sans doute créé cette distance avec les citoyens, qui ignorent aujourd'hui le rôle même de cette assemblée.
«Dans la représentation symbolique populaire, l'APC est plus proche des citoyens, c'est le lieu de concentration du pouvoir local. Or, c'est une idée fausse puisque l'APW possède les moyens de contrôler l'APC et l'exécutif de wilaya», explique l'universitaire Madjid Merdaci.
L'image d'une APW souveraine, où le wali et ses directeurs viennent rendre des comptes, est fortement écornée par la pratique où cette assemblée se rappelle à l'opinion publique à travers des sessions périodiques sans enjeu, où le wali vient donner des leçons à tous.
«APC et APW n'ont pas de légitimité au sein de la société, qui voit qu'elles sont soumises à l'administration», souligne encore l'historien constantinois.
Cependant, le rapport de proximité qu'entretiennent les Assemblées communales avec le citoyen accroche ce dernier au souvenir de sa collectivité, chargée de subvenir à ses besoins élémentaires au quotidien. Le fossé est d'autant plus important dans les communes éloignées du chef-lieu de wilaya, où l'on peut affirmer sans exagération que les populations ignorent jusqu'à l'existence de l'APW.
L'asservissement de cette Assemblée populaire par le pouvoir central fait partie d'un plan visant à réduire l'exercice démocratique. Les partis au pouvoir portent cependant l'entière responsabilité d'avoir vidé de leur sens les deux Assemblées locales et voté en faveur du renforcement de l'autorité désignée sur l'autorité élue.
Officiellement, la loi relative à la wilaya, votée en janvier, est venue «élargir les prérogatives des APW, appuyer leur autonomie et réduire les prérogatives du wali». Les amendements introduits par le département de l'Intérieur et des Collectivités locales visent l'«extension du contrôle des APW» à tous les secteurs au niveau de la wilaya, à «réfléchir à l'autonomie financière des APW» avec «la possibilité de confier la mission d'ordonnateur au président de l'APW». Ils ont trait aussi à «l'élargissement des prérogatives des APW de façon à leur permettre de contribuer à différents domaines, y compris ceux soumis à une autorité centrale». Les citoyens savent qu'il n'en est rien, d'où un émiettement partisan qui menace la stabilité des institutions, estime encore Madjid Merdaci.
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Posté Le : 29/11/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nouri Nesrouche
Source : www.elwatan.com